Menaces sur les boulangeries-pâtisseries de village
Commerce. L’une après l’autre, les boulangeries artisanales des bourgs et villages de l’Aisne baissent le rideau. C’est souvent le dernier commerce en activité dans la commune. La hausse des prix qu’ils subissent de plein fouet poussent nombre de ces artisans vers la faillite ou la retraite. Certaines communes se démènent pour sauver leur boulangerie.
A quelques jours de Noël, on a vu apparaître sur la porte de la boulangerie d’Etréaupont ce petit mot : « Chers clients nous ne sommes plus en mesure de vous fournir du pain, cause économique. Je vous remercie de votre fidélité ainsi que de votre compréhension. » Il n’y a plus de boulanger au village. La maire s’en désole et cherche une solution, sans beaucoup d’espoir : « Il est vrai qu’il devient difficile financièrement de tenir le coup. »
Sur les réseaux sociaux, une groupement de professionnels indépendants fait circuler ce message, sur fond noir : « Avis de décès de la boulangerie pâtisserie artisanale. Les artisans ont la douleur de vous faire part du décès imminent de leur profession. » Il l’impute à la hausse des prix de l’électricité, du gaz, du blé et du beurre, ainsi qu’à la concurrence des chaînes de boulangerie industrielle, aux charges pesantes et à la difficulté de trouver de la main-d’œuvre.
En ville aussi
A Voulpaix aussi le boulanger met la clé sous la porte. Il prend sa retraite, mais n’a pas trouvé de repreneur. C’était le seul commerce du village. A Montbrehain, le pétrin était arrêté depuis un certain temps, l’artisan de Lehaucourt, vers Saint-Quentin, livrait du pain mais s’arrête lui aussi. Alors la municipalité a racheté la boulangerie et espère trouver une solution. Un souffle d’espoir à Barisis-aux-Bois, où l’on ne trouvait plus de pain depuis 5 ans, mais un dépôt de pain a été ouvert par les boulangers de Viry-Noureuil, à 10km de là, qui l’ont confié à leur fille.
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Dans les bourgs un peu plis importants et les petites villes, les artisans locaux ont un peu plus de marge, grâce au volume des ventes. Ils cherchent à s’adapter pour survivre. Une boulangerie observe un jour de fermeture hebdomadaire en plus. Une autre n’augmente ses prix qu’un par un en fonction du coût de revient de chaque article. Une troisième devrait « passer la baguette à 1,20 € », mais ne peut pas « à cause de la concurrence des points chauds et des grandes surfaces. » Elle accroit donc ses tournées pour vendre davantage.