Les collectivités se dotent de réseaux business

Les collectivités ne lésinent pas sur les moyens pour attirer des entreprises sur leur territoire. On connaissait les agences de développement tels qu’Invest’in Reims. Aujourd’hui, on parle plutôt de « clubs business », rattachés au service du développement économique de la collectivité. C’est le cas à Reims, mais aussi désormais à Châlons-en-Champagne. « Le service du développement économique de la Ville de Reims qui préexistait, a décliné Reims Légend’R, la marque du territoire avec d’autres marques connectées : Reims Universit’R, Reims Commerce, Reims Tourisme et donc Reims Business », explique Simon Cossiez, Directeur du service du développement économique, de l’enseignement et du commerce auprès de la Ville de Reims et du Grand Reims.

Ainsi, l’agence de développement économique de la ville a été « internalisée », pour « faciliter les échanges entre les services ». En 2022, Reims Business, qui, si elle a été officiellement lancée sur la Foire de Châlons cette année fonctionnait déjà. Elle compte ainsi 25 implantations d’entreprises pour 1 500 emplois estimés à trois ans.

« L’idée est bien de continuer à prospecter tout en rassemblant les différents acteurs amenés à intervenir lors d’une implantation. » Catherine Vautrin, Présidente du Grand Reims, souligne à cet effet : « Le Grand Reims a à cœur de soutenir et de stimuler les entreprises locales. C’est en ce sens qui nous avons créé « Reims Business » dont la mission première est d’accompagner au quotidien nos entreprises. C’est pourquoi nous avons mis en place un ensemble d’aides économiques visant à les accompagner. »

C’est donc dans un esprit de synergie et de travail collectif que Reims Business a organisé une journée spécifique dans les salons de la Mairie avec les acteurs clés du territoire : Bpifrance, Banque des Territoires, Grand E-Nov, Quest for change… « L’objectif de cette journée est de pouvoir démystifier l’approche aux organismes tels que les banques ou les services d’accompagnement aux entreprises, en donnant accès à la fois aux partenaires et à nos services internes. Donner l’occasion aussi, de récolter des témoignages de sociétés pour lesquelles cet accompagnement a marché », indique Simon Cossiez.

Les banques en appui

Plusieurs entreprises récemment implantées et avec des projets à fort développement sont ainsi venues témoigner, à l’image de Latitude. « Nos lanceurs s’attaquent au marché des petits satellites. Ils sont capables d’envoyer une centaine de kilos dans l’espace. Au départ, notre entreprise était basée dans la région parisienne mais le besoin de mètres carrés nous a forcé à regarder en province. Ce que nous ne regrettons pas », explique Kevin Monvoisin, co-fondateur.

Pour illustrer son propos, il raconte son premier contact avec les services de Bpifrance à Paris, qui gérant de très nombreux projets et bien qu’à leur écoute, avaient proposé aux dirigeants de Latitude de les revoir « 6 à 8 mois plus tard ». « À Reims, nous avons eu un rendez-vous le jeudi. Le mardi suivant, on les voyait de nouveau pour établir un plan d’installation… » La suite, ce sont des locaux à Reims qui viennent d’être agrandis, bientôt une usine avec en négociation un terrain à Champigny, et une zone d’essai sur l’aéroport de Vatry, « une occasion de faire vivre aussi économiquement un aéroport local », souligne Kevin Monvoisin.

« Nous apportons un co-financement à côté des partenaires bancaires dans des domaines aussi variés que l’immobilier, le matériel et tout ce qui accroît la croissance d’une entreprise. Nous pouvons financer la trésorerie avec des différés jusque 2 ans et nous accordons également des prêts rebonds », indique Lucie Jolibois, Déléguée Innovation et garantie à Bpifrance.

Idem pour la Caisse des Dépôts : « La Banque des Territoires est un département de la Caisse des Dépôts en charge de financer les projets des territoires : En fonds propres dans des sociétés de projets aux côtés d’acteurs privés ou d’économie mixte (immobilier, ENR, décarbonation industrielle...) pour un montant de projet de 3 M€ minimum ; en prêt auprès des collectivités, bailleurs sociaux, là pour des projets de 200 000 € minimum. Mais nous offrons aussi un accompagnement bancaire auprès des professions juridiques et nous sommes partenaires de programmes nationaux tels qu’Action Cœur de Ville, Territoire d’industrie et Petites Villes de Demain », énumère Sophie Hardouin, Directrice territoriale Grand Est.

Le soutien au tissu économique entre dans le Plan France 2030, dévoilé fin 2021 par le Président de la République, dans lequel il prévoyait d’injecter 54 milliards d’euros afin « de rattraper le retard industriel français, d’investir massivement dans les technologies innovantes mais aussi de soutenir la transition énergétique », fait savoir Nicolas Kieffer, Directeur de la coordination des politiques publiques et de l’appui territorial à la préfecture de la Marne. Le Grand Reims déploie à cet effet, « un maillage de différents outils pour avoir une capacité à toucher plus de prospects, en s’inscrivant dans le Projet de territoire ».

Trois grandes filières sont ainsi fléchées : la bioéconomie, la santé ainsi que l’industrie. Néanmoins, d’autres secteurs comme l’Intelligence artificielle, le numérique ou l’artisanat et le tourisme sont aussi soutenus. « Si trois secteurs sont particulièrement soutenus pour développer un véritable écosystème, comme c’était le cas avec les pôles de compétitivité, ce n’est pas pour autant exclusif. Aujourd’hui, certaines entreprises portent en elles la promesse de développement de tout un secteur. C’est le cas de l’aérospatial avec Latitude dont l’expansion pourrait attirer de nouveaux partenaires et sous-traitants à s’installer sur le territoire », confie Simon Cossiez.