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Le programme Climaxion repart de plus belle

Transition énergétique. Le programme Climaxion porté par l’Ademe, l’Etat et la Région Grand Est accompagne les projets de transition écologique et énergétique publics et privés.

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Boris Ravignon, Josiane Chevalier et Franck Leroy
Boris Ravignon, Président directeur général de l’Ademe, Josiane Chevalier, Préfète de Région et Franck Leroy, Président de la Région Grand Est ont signé un accord-cadre pour acter l’attribution de nouveaux financements sur huit thématiques dont quatre nouvelles (Crédit : BB)

Lancé au début des années 2000, le dispositif Climaxion n’a plus besoin de démontrer son efficacité, ses chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis sa création il y a 20 ans le programme a financé plus de 3 000 projets pour près de 304 millions d’euros mobilisés.

Pour signer la nouvelle convention tripartite entre les trois acteurs du programme, l’Etat, l’Ademe et la Région, il fallait trouver dans le Grand Est un endroit symbolisant à la fois la nécessité des efforts de transition énergétique, les partenariats entre public et privé et la concrétisation d’un projet structurant territorial en faveur de cette démarche.

En choisissant de se retrouver sur le site du Syvalom, les trois partenaires ne pouvaient espérer meilleur endroit : l’unité de valorisation énergétique de La Veuve (Marne) exploitée par Veolia dans le cadre d’une DSP coche de nombreuses cases d’un projet exemplaire en la matière (voir aussi en page 5).

Le site alimenté par les déchets ménagers permet de fournir en chaleur le réseau de la ville de Châlons-en Champagne et un site industriel, celui de Luzéal (coopérative spécialisée dans la déshydratation de la luzerne) situé à 6 km de la Veuve.

Un projet d’envergure, soutenu par Climaxion donc, et qui représente un investissement de 71 millions d’euros financé à la fois par la collectivité châlonnaise, le Syvalom et Luzéal. « Le projet a été accompagné par l’Ademe à hauteur de 27 millions d’euros », précise d’ailleurs Boris Ravignon, Président directeur général de l’Ademe, soulignant le rôle « exemplaire et leader » du Grand Est en matière de transition écologique.

« Climaxion est une marque unique qui permet d’apporter de la simplification aux acteurs. Grâce à un seul dossier, ils peuvent toucher les moyens d’action humains et financiers mis en place par la Région et l’Ademe », souligne Franck Leroy. Le président du Grand Est qui préside également l’association des maires de la Marne, ajoute : « Les maires des petites communes ont le réflexe Climaxion ».

Programme commun à la Région et à l’Ademe pour accompagner les projets de décarbonation de l’industrie et de production de chaleur renouvelable, Climaxion permet aux porteurs de projets (particuliers, entreprises, collectivités, bailleurs sociaux, associations) de bénéficier d’une co-construction des moyens humains et financiers de ses deux partenaires. En renouvelant leur partenariat, l’Etat, la Région et l’Ademe ont également dévoilé l’élargissement du programme autour de huit thématiques [1]d’intervention, contre quatre jusqu’à présent.

CRÉDITS DOUBLÉS POUR L’ADEME

Dans le cadre des objectifs de transition écologique et énergétique, le Grand Est s’est donné pour ambition de réduire de 55% sa consommation d’énergie d’ici 2050. Un enjeu d’ampleur qui implique de nouveaux usages et de nouvelles pratiques à tous les étages, dans le public comme dans le privé. « Pour atteindre nos objectifs, il nous faut muter vers les énergies renouvelables. On sent bien que les territoires s’engagent sur le sujet », précise Franck Leroy. « 28, 6% de l’énergie consommée en 2021 était d’origine renouvelable. On a devant nous un potentiel extrêmement important. »

Le maire de Charleville-Mézières qui connaît bien Franck Leroy pour avoir été encore, il y a quelques semaines vice-président de la Région à ses côtés, rappelle l’importance pour les acteurs de la transition de solliciter son agence. « Pour être capables d’afficher une neutralité carbone en 2050 il va falloir que l’on s’y mette tous : public, privé, administrations… L’Ademe c’est l’agence de la transition écologique, mais elle est surtout l’agence des solutions à cette transition ».


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Si les ambitions sont majeures, le cap à franchir ne l’est pas moins. En matière de logement notamment, l’ensemble des acteurs est appelé à se retrousser les manches au plus vite, s’il veut atteindre ses objectifs. « 90% des logements - soit 27 millions - doivent atteindre les niveaux de performance BBC, ce qui en représente environ 700 000 par an. On en est à 50 000 par an aujourd’hui », insiste Boris Ravignon.

Alors que l’Ademe a doublé ses crédits alloués aux porteurs de projets cette année (ils sont portés à 4,2 milliards d’euros), désormais, insiste Boris Ravignon, ce sont à ces porteurs de se manifester pour pouvoir postuler à l’obtention des subventions prévues à leur intention.

Avec deux sujets majeurs. « Le Grand Est est une région d’industrie avec un héritage et aussi un futur. Nous avons à la décarboner, l’aider à passer du charbon et du gaz aux énergies renouvelables. Maintenant il faut nous envoyer des projets pour que nous puissions les accompagner ». Deuxième sujet, celui des forêts. « L’Ademe est dotée de moyens importants pour agir sur la reforestation et la régénération des forêts, notamment celles touchées par les scolytes », souligne le Pdg.

UN FONDS CHALEUR DE 24 MILLIONS D’EUROS

Parce qu’elle représente plus de 40% de la consommation d’énergie des Français, la chaleur est un enjeu stratégique et écologique dans le sens où elle a un rôle essentiel à jouer dans la décarbonation de l’énergie. Dans le cadre de sa volonté de développer l’usage de la chaleur renouvelable et de récupération dans les territoires, l’Etat a donc confié à l’Ademe, son bras armé de proximité en matière de transition écologique, la gestion d’un « fonds chaleur ».

Dans le Grand Est, qui dispose de la première convention de ce type signée en France, ce fonds est doté de 24 millions d’euros, une somme confiée à la Région pour accompagner le diagnostic et le financement de projets liés à la géothermie, à la biomasse, au solaire ou à la méthanisation.

« L’objectif est d’accompagner 360 projets d’investissements », précise Franck Leroy, rejoint par le Pdg de l’Ademe : « La chaleur est un sujet sur lequel on peut considérablement progresser et verdir ». Venue signer la convention tripartite, la Préfète de Région Josiane Chevalier, rappelle que « la transition écologiques et une priorité absolue du gouvernement », soulignant pour illustrer son propos la création d’un Fonds vert doté de 165 millions d’euros. « La transition écologique n’est plus une option, c’est une obligation. C’est aussi un immense défi qui nous attend tous ensemble ».

Au sujet des contrats de relance et de transition écologique et énergétique signés dans les territoires, Josiane Chevalier rappelle qu’ils doivent afficher « des objectifs de planification et pas uniquement des recensements de projets ». Un message reçu cinq sur cinq par les signataires, bien décidés ensemble à rassembler les acteurs des territoires du Grand Est autour de la question de la transition énergétique.

[1Les huit thématiques :

  • Efficacité énergétique et qualité environnementale des bâtiments
  • Énergies renouvelables et de récupération
  • Économie circulaire et gestion des déchets
  • Territoires durables
  • Mobilité à faibles émissions
  • Agriculture et forêt
  • Tourisme durable
  • Gestion des friches.