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Région Grand Est : Franck Leroy élu président

Région. Le successeur à la présidence du Conseil Régional Grand Est, Franck Leroy, est un homme de consensus qui s’est mis au travail, le jour même de sa prise de mandature.

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Publié le 25 janvier 2023
Gérard Delenclos

Franck Leroy a été élu à la tête du Conseil régional avec 96 voix face à 34 voix pour Laurent Jacobelli (RN) et 39 bulletins blancs et nuls. (Crédit : GD)

« Le changement qui intervient aujourd’hui s’inscrit dans la continuité », annonce le nouveau Président du Grand Est dans son premier discours. Et, comme pour faire taire certaines rumeurs, il ajoute que la Majorité régionale, forte de 94 membres sur 169 conseillers régionaux (37 LR, 35 Divers droite, 10 UDI, 6 Parti Radical, 4 Modem et 2 Horizons) est unie : « Elle a su et saura faire de sa diversité une force ». Sur la méthode, il précise : « Si nécessaire, nous étudierons les moyens permettant de rendre les débats de notre assemblée plus constructifs ».

L’écologie en priorité

Pour Franck Leroy, le débat à ne pas esquiver est bien celui de l’urgence climatique, la transition écologique et la biodiversité parce qu’il y va de l’avenir de nombreux secteurs économiques et de celui des générations futures. Et pour l’urgence, il annonce, dès la prochaine Commission Permanente une série de mesures. Parmi celles-ci, 20 M€ pour l’acquisition de matériels moins énergivores ou de véhicules propres à l’attention des restaurateurs, des boulangers, des artisans et des commerçants de proximité, en complément des dispositifs d’aides mis en place par l’Etat et des injonctions adressées aux fournisseurs d’énergies.

Une autre annonce concerne un engagement de 10 M€ contre les « passoires thermiques » et vise le traitement de 5 000 logements en copropriété et 500 maisons individuelles. En matière de mobilité, Franck Leroy évoque la mise en service de 10 000 vélos électriques en location de longue durée dans les bourgs et communes rurales. En prélude à d’autres négociations, le Président du Grand Est demande à la SNCF la prise en charge de 50% de l’abonnement de l’ensemble des usagers du réseau, pour les trois prochains mois et la mise à disposition de 1,5 million de billets à petits prix pour la période de février à avril.

En faveur de la santé, des actions complémentaires sont annoncées : rénovation des instituts de formation aux soins infirmiers et de ceux destinés aux aides-soignants et déploiement de solutions mobiles en santé et transports solidaires. La filière biologique, pour une accession à une alimentation saine va bénéficier d’une dotation supplémentaire de 10 M€. Enfin, avant d’annoncer les futures Assises de la Ruralité, ce programme d’urgence s’adresse également aux CFA en transition énergétique et à la mobilité des jeunes apprenants, par le biais d’une aide à l’acquisition de véhicules (10 M€).

L’Alsace en force dans les Vice-présidences

Le Conseil Régional accueille deux nouveaux élus : Bertrand Grandhomme, remplaçant Boris Ravignon, et Patrick Bastien à la place de Jean Rottner. De 15 sous Philippe Richert, à 14 sous Jean Rottner, les Vice-présidents sont à nouveau 15 sous la mandature Franck Leroy, dont trois entrants : Claude Sturni, Béatrice Moreau et Guillaume Maréchal. Les 10 départements du Grand Est siègent dans cette Vice-présidence : 1 siège pour les Ardennes (Guillaume Maréchal), un pour l’Aube (Marc Sebeyran), un pour la Marne (Béatrice Moreau), un pour la Haute-Marne (Marie-Gabrielle Chevillon), un pour les Vosges (Elisabeth Del Genini) et un pour la Meuse (Philippe Mangin).

La Meurthe-et-Moselle (Valérie Debord et François Werner) et la Moselle (François Grosdidier et Brigitte Torloting) disposent de 2 sièges. Avec à présent 5 sièges au lieu de 4 dans la précédente mandature, l’Alsace, représentée par Claude Sturni, Christelle Willer, Denise Buhl, Nadège Hornbeck et Thibaud Philipps, gagne un siège et pèse 30% de cette Vice-présidence du Grand Est.

Par étiquette politique, LR compte 7 Vice-présidents, les Divers droite 4, l’UDI 3 et le Modem 1. La représentation LR, UDI et Modem reste stable et les DVD gagnent un siège.

Une Alsace choyée dans cette Vice-présidence ? La surprise, Claude Sturni (entrant et directement au poste de deuxième Vice-président), pourrait bien le suggérer, de quoi calmer peut-être certaines ardeurs anti-Grand Est de la Collectivité Européenne d’Alsace. Précisons que Claude Sturni est Maire d’Haguenau et Président de l’Agglomération, qu’il est conseiller régional depuis 2021 et qu’il a été député du Bas-Rhin de 2012 à 2017.

Franck Leroy : « J’irai au bout de mon mandat »

Première question un peu provocatrice... Quand démissionnerez -vous ?

J’irai jusqu’au bout de mon mandat, avec une équipe renforcée par l’arrivée de nouveaux conseillers. Il nous a fallu moins de douze heures pour désigner un candidat à la Présidence dans nos rangs, c’est mieux que les quarante-huit heures nécessaires, à l’époque, pour la désignation de Jean Rottner, après la démission de Philippe Richert.

Quelles sont vos priorités ?

Aller à la rencontre des agents de la Région et prendre des mesures urgentes d’aides pour les artisans du Grand Est qui souffrent de la crise énergétique, engager un dialogue avec la SNCF pour que le transport fonctionne enfin, quand on constate les investissements colossaux de la Région en ce sens. La SNCF a des comptes à rendre à la Région et nous allons lui demander d’alléger la facture abonnement des usagers. Il n’est pas normal que ces derniers ne puissent pas bénéficier d’un service de qualité.

Un Champenois à la tête de la Région Grand Est, cela change quoi ?

Cela ne change rien, même pour la fierté des Champenois. Notre politique est et restera dans l’équité pour tous les territoires. Sans oublier de faire briller nos identités historiques d’Alsaciens, de Lorrains et de Champardennais. Nous saurons transcender les faux clivages politico-politiciens.

Votre non-renouvellement d’adhésion au parti Horizons s’apparente-il à une concession faite à la majorité régionale ?

Je n’ai pas démissionné, je n’ai tout simplement pas renouvelé mon adhésion. Cependant, mes convictions demeurent les mêmes, y compris au sein d’une majorité régionale toujours plus unie. Ma décision est plutôt symbolique et Edouard Philippe comprend parfaitement ma position. Vous savez, la politique nationale n’est pas un sujet récurrent de discussion pour la Région dont la priorité est le service apporté aux habitants du territoire.

Qu’est-ce qui, a priori, vous distingue de Jean Rottner ?

Nos origines géographique ou professionnelle peut-être. Mais, globalement, très peu de choses. Je suis comme lui un humaniste. Lorsque j’ai été son premier Vice-président, nous avons travaillé ensemble dix-huit mois sans aucun désaccord.

Votre analyse sur les motifs du départ de Jean Rottner ?

Il n’a pas démissionné par plaisir. Il y avait chez lui comme une forme de souffrance liée aux pressions qu’a pu subir sa famille. Je pense que c’est elle qu’il a voulu protéger. Je n’ai aucun doute sur sa probité.