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Le compostage des déchets plus que jamais d’actualité

Environnement. Le Centre de Valorisation organique par compostage de Suez, à Warmeriville (51), a ouvert ses portes pour faire découvrir son activité, aussi bien aux riverains qu’à ceux qui s’intéressent aux métiers du secteur de l’environnement, à l’occasion de la semaine de réduction des déchets.

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Le compostage des déchets plus que jamais d'actualité
Le Centre de Valorisation emploie deux personnes sur une surface d’1,5 hectare. (Crédit : DR)

La plateforme marnaise de compostage de déchets organiques traite 11 000 tonnes de déchets par an et 7 300 tonnes de boues. Ces derniers sont de trois sortes : les déchets verts, les boues urbaines (provenant des réseaux d’assainissement) et industrielles et les biodéchets (provenant des gros producteurs comme les cantines scolaires, les Ehpad, les grandes enseignes et plateformes logistiques). Depuis le 1er janvier 2012, les professionnels qui produisent ou détiennent une quantité importante de biodéchets ont l’obligation non seulement de les trier mais aussi de les valoriser dans une filière adaptée (telles que le compostage ou la méthanisation).

Sont principalement concernées les entreprises d’espaces verts, de la grande distribution, des industries agroalimentaires, les cantines et restaurants. En 2012, l’obligation concernait les professionnels qui produisent plus de 120 tonnes par an de biodéchets ou plus de 1 500 litres par an d’huiles alimentaires usagées, mais les seuils ont été progressivement abaissés. Depuis le 1er janvier 2016, ce sont les professionnels produisant plus de 10 tonnes par an de biodéchets, et de 60 litres par an pour les huiles, qui sont concernés. « La nouveauté, c’est que cette démarche sera aussi obligatoire pour les particuliers à partir du 1er janvier 2024 », annonce Hubert d’Halluin, directeur d’agence chez Suez et chargé des centres du Grand Est. Le tri à la source généralisé pourra s’articuler autour de plusieurs solutions, comme des bacs à compost chez l’habitant ou bien dans des points de collecte mis en place par les collectivités elles-mêmes. « L’important est de s’assurer de la qualité du tri. Avec le Grand Reims, une expérimentation a été menée et nous avons été surpris de la qualité du tri obtenue. »


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Le Centre de Valorisation broie les déchets verts avant que ceux-ci ne se décomposent en humus. « Concrètement, le centre reçoit les déchets qui lui sont livrés par les collectivités, les industries agro-alimentaires ou encore les GMS. Ensuite, ceux-ci sont mélangés. La troisième étape consiste à faire fermenter les déchets en andain (monticules à l’air libre). Rapidement les bactéries vont dégrader l’ensemble. La température va augmenter jusqu’à 70 degrés. Quand elle descend et que les bactéries n’ont plus assez d’oxygène, on les retourne. On répète ce processus plusieurs fois jusqu’à ce que la température n’augmente plus et que cela devienne du compost final. Ce processus prend en tout 6 à 8 semaines. » Le compost final est ensuite vendu aux agriculteurs, groupements agricoles, coopératives ainsi qu’aux services espaces verts des collectivités.

Un compost de plus en plus demandé en raison de l’augmentation des coûts énergétiques

En raison de la forte augmentation des coûts de l’énergie et des intrants agricoles, le centre de valorisation est beaucoup plus sollicité. En effet, le prix de l’engrais azoté, l’un des fertilisants les plus utilisés a atteint les 1 000 euros la tonne au mois d’avril (il est aujourd’hui d’environ 600 euros la tonne) correspondant à une augmentation de 300% en une année. Une hausse des prix renforcée par la guerre en Ukraine, la Russie étant un des principaux pays exportateurs de gaz et d’engrais azotés. « Nous allons augmenter notre production l’année prochaine de 2 à 300 tonnes. Actuellement, nous produisons 9 000 tonnes d’engrais par an », confie Hubert d’Halluin. Le compost produit obéit à deux normes différentes : la NFU 44-051, matières fertilisantes composées principalement de combinaisons carbonées d’origine végétale et la NFU 44-095 issue du compost de boues. Ces dernières ne peuvent pas être utilisées par l’agriculture biologique.