Le Barn hôtel projette une ouverture en 2025
Services. Véritable « serpent de mer » depuis plusieurs années, la vente du domaine de Commétreuil aura fait couler beaucoup d’encre. Après avoir été sélectionné dans une délibération du 31 mars 2021 par le Comité syndical du Parc naturel régional de la Montagne de Reims, le projet du Barn hôtel avance plus que jamais avec la signature de compromis de vente d’ici la fin de l’année.
S’il ne fallait retenir qu’un mot du projet porté par le groupe Barn hôtel, ce serait « compacité ». Ayant déjà créé une expérience hôtelière d’un nouveau genre dans les Yvelines – « un lieu pluriel de vie », au cœur du Parc régional de la Haute Vallée de Chevreuse et « en concertation » avec ce dernier, à quelques encablures de Rambouillet – le Barn hôtel compte reproduire en quelque sorte le concept dans celui de la Montagne de Reims. Et n’allez surtout pas leur parler d’hôtel de luxe ! Déjà, la proposition financière s’en éloigne largement (avec 180 euros en moyenne la chambre) et le côté « auberge et grande tablée avec les verres qui tintent », de l’expression même de son fondateur Edouard Daehn, tranche aussi avec l’univers feutré des hôtels de luxe. La nature doit y être reine. Et si, dans les Yvelines, c’est autour du haras de la Cense qu’a été créé l’établissement, à Bouilly, ce sont les espaces humides ainsi que les potentialités de déplacements doux qui ont fini de convaincre les équipes du Barn de se lancer.
Un domaine partagé entre le Barn hôtel et le Parc naturel régional
« Nous souhaitons apporter un dynamisme nouveau tout en préservant au maximum l’environnement, avec l’accessibilité au plus grand nombre, car 40% du chiffre d’affaires est apporté par la restauration. Le domaine sera donc ouvert, on pourra s’y arrêter pour déjeuner ou prendre un verre après une balade en forêt. En revanche, l’idée est de ne pas succomber à la tentation de faire du mitage, des cabanes ou des lodges qui n’ont de naturel que l’aspect visuel, car il faut bien se rendre compte que derrière cela, il y a des réseaux de VRD, (voiries et de distribution, de traitements des eaux) qui ont un impact considérable sur les territoires. » Voilà pour la pique adressée au projet concurrent « Promenades enchantées » porté par Pierre-Emmanuel Taittinger et qui n’a pas été retenu en mars 2021, la délibération du Comité syndical du Parc naturel régional de la Montagne de Reims ayant vu l’adhésion du projet du Barn à 112 voix « pour » et 13 voix « contre ».
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« Ce choix correspondait aux valeurs que nous portons au sein du Parc régional ainsi qu’au livre blanc de l’UNESCO », explique pour sa part Caroline Benoit, présidente du PNRMR. « Il permettait également que nous restions propriétaires des 98 hectares de forêt du domaine. » Le sentier qui permet de relier la commune de Bouilly à celle de Courmas sera aussi rendu au public avec un accès à tous. Car la crainte principale des opposants au projet, porté en tête par l’association Les amis du domaine de Commétreuil est bien la perte des espaces naturels et leur privatisation.
« Nous ne vendons que 50 hectares, comprenant le manoir ainsi que les étangs », précise Caroline Benoit. Impossible à envisager pour l’association dont le but premier est « d’encourager la création d’un vaste espace naturel dans l’objectif de sensibiliser et d’éduquer le jeune public à l’environnement et à sa préservation. » Mais pour le PNRMR, le domaine « jamais véritablement ouvert au public depuis 10 ans, à part aux scolaires » ainsi que son entretien d’un coût de
120 000 euros par an devenaient trop lourds à porter. Le projet choisi l’a aussi été en raison de la création d’une cinquantaine d’emploi.
Modification du PLU
Le Barn hôtel version Montagne de Reims prévoit en effet la création de 75 chambres environ, d’un restaurant-bar de 110 couverts ainsi que la création d’une boutique mettant en avant les produits du terroir. Pour arriver à un tel résultat, la modification du PLU de la parcelle du château est nécessaire. « Une nécessité qui aurait été aussi de mise pour le projet non retenu », précise Claude Mauprivez, maire de la commune de Bouilly sur laquelle se trouve le domaine. « Aujourd’hui, on peut étendre les constructions de 30% dans le PLU de 2017, mais uniquement bâtiment par bâtiment. C’est assez restrictif. Or, pour faire un projet qui tient la route, il faut que l’on puisse bouger ces mètres carrés. Mais attention, cette modification de PLU ne concerne qu’une toute petite zone du site, elle ne concerne pas le manoir mais les bâtiments qui sont autour et existants. »
« Notre mission est aussi de protéger et de valoriser au maximum le territoire en tant que parc naturel régional »
Le manoir pourra, lui, être étendu de 30% comme le veut le PLU actuel. Avec une grande verrière qui ne dénaturera pas cette construction de type normand, datant des années 20. L’idée est donc toujours de garder « une compacité des constructions et non de procéder à de petites constructions partout, c’est hors de question », tranche-t-il. Elle est aussi de protéger la biodiversité, ayant fait l’objet d’une évaluation environnementale. « On a arrêté le projet de révision allégé qui passera en conseil communautaire du Grand Reims en novembre. Il y aura ensuite une consultation des personnes publiques associées pour que l’enquête publique puisse débuter en 2023 pour clôturer le dossier, en mai-juin 2024 », fait savoir Claude Mauprivez.
Une vente à 1,9 million d’euros
L’investissement total du Barn hôtel pour ce projet est de 20 millions d’euros dont 1,9 million pour les 50 hectares, avec une contractualisation pour la libre circulation sur le sentier « trait d’union entre les deux communes ». « Nous ne sommes pas promoteurs, mais propriétaires exploitants », insiste Edouard Daehn qui défend « une forte connexion à la nature ». Quant au recours en annulation de la délibération du syndicat, déposé par Pierre-Emmanuel Taittinger en juin 2021, il a été jugé « non suspensif » par le juge administratif. « Notre mission est aussi de protéger et de valoriser au maximum le territoire en tant que parc naturel régional », affirme Olaf Holm, Directeur du PNRMR, appuyant le choix du projet « cohérent » tout en rappelant le travail continu du parc auprès des scolaires (accueil de 8 000 enfants par an) et l’offre auprès du public qui doit être préfinancée.