Collectivités

La sobriété foncière s’invite dans l’urbanisation

Urbanisme. Epernay Agglo est l’un des 7 territoires pilotes de Sobriété Foncière à l’échelle nationale, un dispositif lancé par l’Etat pour promouvoir la reconquête de friches ou de terrains déjà artificialisés.

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Présentation des enseignements de l'expérimentation Sobriété Foncière
Les enseignements de cette expérimentation Sobriété Foncière ont été présentés le 27 mars aux représentants des ministères, en présence des élus et des partenaires locaux à Epernay. (Crédit : BB)

La loi Climat et Résilience est claire : elle impose à l’horizon 2050 le « Zéro Artificialisation Nette ». Il s’agit concrètement de limiter autant que possible la consommation de nouveaux espaces. Et lorsque cela s’avère impossible, de « rendre à la nature » l’équivalent des superficies consommées.

Un défi plus qu’un simple enjeu quand on sait qu’en France, entre 2011 et 2021, près de 250 000 hectares naturels ou agricoles ont été urbanisés, notamment en zone rurale.

Dans un contexte de changement climatique et alors que le nombre de logements ou de commerces vacants augmente dans les centres anciens des villes, l’équation s’annonce difficile à résoudre pour les collectivités.

C’est pourquoi une expérimentation de Sobriété Foncière a été lancée à l’échelle nationale pour mettre en place des démarches et des plans d’actions efficaces à l’échelle locale.

Retenu parmi les 7 territoires pilotes en 2021, Epernay Agglo a fait l’objet d’une première phase d’expérimentation, restituée le 27 mars 2023 en présence des élus et partenaires locaux, réunis autour de Franck Leroy, Président d’Epernay Agglo et de Rollon Mouchel-Blaisot, Directeur du Programme Action Cœur de Ville.

Changement de braquet

Le président de la collectivité affirme sa volonté « de retrouver une dynamique au niveau de la population, sachant que le développement de notre territoire est essentiellement lié à l’agriculture et à la viticulture et que le prix du foncier viticole est tellement cher que pour certaines communes s’étendre en périphérie est devenu quasiment impossible. La sobriété existait chez nous mais pas autant qu’on le pensait puisqu’au cours des 8 ou 9 dernières années nous avons perdu environ 1 000 habitants tout en consommant 200 hectares de plus à l’échelle de notre territoire ».


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D’où l’intérêt pour l’agglomération de 47 communes de participer à cette expérimentation. Celle-ci s’est déroulée en trois phases : après l’étude fine et la localisation de la production de logements sur le territoire, il a été procédé à l’identification et à l’analyse du foncier disponible sur l’ensemble des communes. Enfin, l’aménagement du futur a été expérimenté à travers l’étude opérationnelle sur trois sites démonstrateurs : à Avize, à Blancs Coteaux (voir ci-dessous) et à Epernay (projet des Berges de Marne).

Pour Hélène Peskine, secrétaire permanente PUCA - DGALN, il s’agit « d’essayer d’identifier les freins et les leviers et changer les paradigmes du développement urbain. Cette expérimentation a aussi permis de trouver sur le terrain opérationnel les conditions favorables à la sobriété et d’identifier les outils financiers indispensables à la revitalisation urbaine ».

La sobriété foncière menée avec cette démarche, c’est un défi, voire même « un changement de braquet intégral et disruptif », selon Pauline Sirot, cheffe du Bureau des Stratégies Territoriales au ministère de l’Ecologie.

L’objectif est donc d’éviter l’étalement urbain en utilisant l’existant, mais aussi de redynamiser et de revitaliser les centre-villes ou centre-bourgs grâce à des projets innovants et inventifs. En résumé, faire tenir dans un même projet la sobriété et le développement, deux concepts a priori opposé mais qui se trouvent rassemblés sous la bannière de l’urbanisme.