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La réindustrialisation, une chance pour les territoires

Industrie. Pour relever le défi de la décarbonation de l’industrie, innovation et ancrage local sont des atouts pour les dirigeants réunis autour de Patrick Martin, président délégué du Medef.

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La réindustrialisation, une chance pour les territoires
De gauche à droite, Corinne Versini, Patrick Martin et Victoire de Margerie à la Foire de Châlons-en-Champagne. (L. Locurcio)

La transition écologique nous oblige-t-elle à repenser le développement économique hors métropoles et grandes agglomérations ? La question posée à l’occasion du débat proposé par la communauté d’agglomération de Châlons-en-Champagne est plus que jamais d’actualité à l’heure où la relocalisation industrielle avance à grand pas. « Les industries doivent être relocalisées là où elle existaient avant », plaide Patrick Martin. Pour le président délégué du Medef, il n’est plus possible de voir grossir encore les métropoles pour diverses raisons (tensions foncières, difficultés de recrutement, etc.). En revanche, des territoires moins denses, à l’image de l’Ain, premier département français pour la part d’emplois industriels, sont parfaitement adaptés pour accueillir ces relocalisations. Une relocalisation, voire aussi une localisation tout simplement, ne serait-ce que pour réduire l’empreinte carbone des productions chinoises.


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« Ce n’est pas logique qu’il n’y ait pas en France de fabricants de panneaux photovoltaïques alors que nous avons des ressources pour le faire, c’est la même chose pour les batteries : nous nous heurtons à un problème d’acceptabilité sociale parce qu’il faudrait ouvrir des mines et c’est très compliqué », analyse Victoire de Margerie, co-fondatrice du World Material Forum, administrateur d’entreprises, et à la tête de sa start-up, Rondol Industries, spécialisée dans l’extrusion. « Nous avons aussi des technologies qui nous permettraient de faire mieux, par exemple en fabriquant des panneaux photovoltaïques qui ne soient pas à base de silicium », poursuit Corinne Versini, fondatrice de Genes’Ink, start-up basée près d’Aix-en-Provence, spécialisée dans la production d’encres conductrices et semi-conductrices à base de nanoparticules.

Simplifier les démarches

La clé, c’est l’innovation. « La réindustrialisation se fera à travers de nouveaux process et de nouvelles offres », ajoute Patrick Martin. Des usines plus modernes, tournées vers la technologie, l’innovation et la décarbonation. « Nous devons nous inscrire dans une logique de croissance décarbonée : croissance parce qu’elle va permettre la réindustrialisation et le financement de l’innovation pour réussir la transition écologique, et décarbonée parce que nous devons aller très vite vers la neutralité carbone », ajoute le président délégué du Medef. Bien évidemment, il faut aussi que les pouvoirs publics et plus généralement la société française soient en phase avec cette vision.

« Quand il s’agit de trouver un terrain et d’obtenir un permis de construire pour implanter une industrie, c’est encore la croix et la bannière, il faut impérativement aller vers une simplification administrative si l’on veut réussir », fait remarquer Patrick Martin. Dans ce cadre, les collectivités ont aussi un rôle à jouer, par exemple en se dotant d’un « guichet unique », comme l’a fait Châlons Agglo, pour faciliter l’implantation des entreprises. Les régions à tradition industrielle, comme le Grand Est, ont aussi une carte à jouer dans le contexte actuel. « La bonne alchimie, c’est l’entente loyale entre les élus locaux et les entrepreneurs pour stopper l’hypermétropolisation et faire repartir le balancier dans l’autre sens », conclut le représentant de l’organisation patronale.