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L’avenir de Vatry encore au cœur des discussions budgétaires 2023 de la Marne

Infrastructures. Le Budget 2023 du Département de la Marne présente un équilibre fragile entre recettes et dépenses contraintes en forte augmentation. La vedette de cette session plénière est incontestablement l’avenir de l’aéroport de Vatry. Les résultats sont mauvais et le Président Bruyen avait sonné l’alarme depuis quelques jours.

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Le conseil départemental de la Marne
Le Président Bruyen a consacré les deux tiers de son propos liminaire du BP de la Marne à l’actualité de Vatry. (Crédit : GD)

Dans un contexte économique compliqué, le Conseil Départemental de la Marne a opté pour la continuité dans l’exercice de ses missions sociales (notamment l’enfance, l’insertion, le handicap et le grand-âge), celle de son partenariat équilibré avec les collectivités locales marnaises et de ses aides aux projets structurants dans le département. Le volontarisme d’aujourd’hui n’empêchant pas les doutes pour l’avenir, c’est un budget en équilibre fragile que les conseillers départementaux ont évoqué lors du vote à l’unanimité des 42 membres de la Majorité, accompagné de l’abstention des quatre opposants (un socialiste et trois divers gauche).

Un budget 2023 en légère progression

Avec 584 M€, le budget départemental 2023 progresse de 6,6%. Il réserve 487 M€ aux dépenses de fonctionnement et 97 M€ à celles d’investissement, avec des hausses respectives annuelles de 7,5 et 2,1%. Dans des temps compliqués, la Marne subit la hausse des coûts des matières premières et de l’énergie, celle de la demande croissante de prestations sociales, tout en investissant encore, autant qu’il est nécessaire, avec un quasi-maintien aux alentours de 17% pour la part dans le budget global.

La solidarité est au cœur des dépenses de fonctionnement, les 350 M€ qui lui sont consacrés pèsent près de 72% de ces dépenses. Les 137 M€ autres se répartissent entre l’éducation, la jeunesse, la culture et le sport (42 M€), l’administration générale (38 M€), les infrastructures et les transports (30 M€) et l’attractivité du territoire, dont le budget du SDIS, le Service Départemental d’Incendie et de Secours (27 M€).

Les recettes de fonctionnement, produits ou compensations

(300,1 M€) sont en progression de 7,2%. Pour l’essentiel, elles se décomposent en 158,3 M€ pour les fractions de TVA, 96,4 M€ pour les DMTO, Droits de Mutation à Titre Onéreux, et péréquation, 18,7 M€ pour la compensation transport région et 16,3 M€ d’autres recettes.

Les autres recettes, dotations et compensations (187,3 M€) émanent principalement de l’Etat par la DGF (52,3 M€), de la TICPE (37,7 M€) ou de la TSCA, Taxe Spéciale sur les Conventions d’Assurance (40,7 M€). Les recettes propres du Département sont évaluées à 24,2 M€.

Les quatre priorités de l’investissement

À quoi servent les 97 M€ des dépenses d’investissement ? La réponse pour le Département tient en quatre priorités. En premier lieu l’extension du SDIS (15 M€, dont 1,8 M€ de l’Etat), avec le nouveau site de Fagnières qui voit le développement de l’exercice des missions des sapeurs-pompiers. Viennent ensuite les 20 M€ apportés au réseau routier départemental (4 200 km) et notamment en ce qui concerne la diminution des points accidentogènes.


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En troisième lieu, le Département entend poursuivre son soutien (13 M€) aux communes et intercommunalités (625 collectivités) par un aménagement équilibré entre villes et ruralité. Enfin, le Département assume sa part en faveur de la transition écologique : « En plus de nos bâtiments administratifs nous ferons en sorte que nos 47 collèges publics marnais soient toujours mieux adaptés aux apprentissages, au travers de locaux pour lesquels une enveloppe de 12 M€ sur cinq ans est dédiée à la rénovation énergétique ». Au niveau du financement de ces investissements, l’emprunt (55,7 M€) prend une part prépondérante, devant la capacité d’autofinancement (24,3 M€), les dotations (10,9 M€) et autres ressources (5,6 M€).

72% du budget pour la solidarité

Dans ce budget de 350 M€ figurent les 100 M€ pour les actions d’insertion par l’emploi à destination des bénéficiaires du RSA, le Revenu de Solidarité Active, avec des résultats probants qui enregistrent une baisse du nombre des allocataires : 14 150 en 2022, contre 14 707 un an auparavant. Dans ce chapitre figure également un budget de 90 M€ pour l’aide sociale à l’enfance et 68 M€ en faveur du grand-âge, segment qui annonce un nouveau schéma gérontologique pour mieux accompagner les personnes âgées.

La dette du Département de la Marne au 1er janvier 2023 s’établit à 155,5 M€, l’encours est en retrait de 2%, avec une capacité de désendettement qui passe de 7,8 à 6,4 ans et en encours par habitant de 273,5 à 268,6 euros.

ADP actionnaire de Liège Airport

Vatry à vendre ? Nous l’évoquions déjà dans notre édition du 31 octobre dernier, avant même la publication des chiffres catastrophiques du bilan 2022 de l’aéroport. Sollicité de toutes parts et au sortir du dernier conseil d’administration de l’EPGAV, le Président Bruyen a consacré les deux tiers de son propos liminaire du BP de la Marne à l’actualité de Vatry. En quelques remarques, le discours musclé de Christian Bruyen :

« Notre vocation à nous, c’est massivement le fret… Et je rappelle que dans ce domaine, la moitié des 4 millions de tonnes traitées en France le sont à Roissy et que presque la totalité de l’autre moitié est traitée à l’étranger, notamment au Benelux… » Avant d’être camionnée sur les routes de France, « Sachant que Vatry est bien plus proche de Paris que Liège et d’autres aéroports ».

Et la suite : « Nous ne demandons pas la lune, car quelques dizaines de milliers de tonnes ne changeraient pas la face du monde ». Vatry à 30 000 tonnes en 2021, c’est bien. À 45 000 tonnes, on serait au maximum. A 18 000 tonnes en 2022, c’est la catastrophe. Comment expliquer cette chute d’activité fret de 40% sur un an ? Réponse de Christian Bruyen : « Notre courbe de progression, elle est évidente depuis la mise en place d’une stratégie nouvelle. Et, elle dérange. On fait tout pour nous casser les ailes ».

Il ne cite pas ADP, ou presque pas : « Parce que les intérêts de certains groupes sont également à l’étranger et pas accessoirement ». Alors, allons-y : le groupe français ADP détient 25,6% du capital de Liège Airport (1,5 millions de tonnes de fret). Comment ne favoriserait-il pas la fructification de ses actions en Belgique ?