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L’attractivité des communes, thème majeur du Carrefour des élus 2022

Attractivité. Entretien avec Franck Leroy, Président de l’Association des Maires et Présidents d’Intercommunalités de la Marne, maire d’Epernay et premier vice-président du Grand Est.

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L'attractivité des communes, thème majeur du Carrefour des élus 2022
Franck Leroy : « La diversité entre l’urbain et le rural, face aux mêmes impératifs législatifs, s’estompe quand il s’agit d’apporter à tous des moyens de comprendre et d’agir. » (Crédit : G. Delenclos)

Les 2 et 3 septembre se tient, sur la Foire de Châlons-en-Champagne, le 13e Carrefour des élus, organisé par l’Association des Maires et Présidents d’Intercommunalités de la Marne, sur le thème : « Territoires dynamiques et attractifs, c’est ici », que dire en résumé des sujets et des animations qui seront proposés ?

« Il faut considérer l’attractivité sous tous ses angles, par exemple touristique ou économique. Nous allons expliquer aux élus qu’une commune n’est pas un territoire figé, mais un territoire qui évolue en fonction des besoins de la population et qui s’équipe pour le bien-être de tous. Dans cet ordre d’idées, on peut citer l’arrivée de la fibre ou la télésurveillance qui sont des équipements attractifs. Une commune qui n’évolue pas n’envoie pas un bon signe à ses habitants comme à ceux qui pourraient s’y installer. S’interroger sur son attractivité c’est se remettre en question ».

La Marne compte 613 communes, de la plus petite, Rouvroy-Point (9 habitants) à Reims (181 000 habitants), comment l’Association des Maires de la Marne aborde-t-elle cette diversité entre monde rural et monde urbain ?

« La majorité des élus qui font appel aux services de l’Association est constituée des maires de communes rurales qui n’ont pas le personnel et les moyens des grandes villes. Les maires ruraux trouvent chez nous l’ingénierie nécessaire à la bonne gestion de leur territoire. Notre rôle est de les informer, de les conseiller et de vulgariser les textes de loi parfois abscons. L’association est un lieu qui réunit tous les élus, de tous bords et en toute neutralité. Nous sommes également un lieu de formation. La diversité entre l’urbain et le rural, face aux mêmes impératifs législatifs, s’estompe quand il s’agit d’apporter à tous des moyens de comprendre et d’agir ».

« La force de notre association est sa représentativité puisqu’elle est animée par toutes les communes et les intercommunalités de la Marne. »

Le 5 novembre prochain, se tiendra le Congrès départemental, d’une association qui fête ses 70 ans d’existence, là encore, peut-on s’attendre à des moments forts ?

« Chaque congrès est en soi un moment fort, par les thèmes abordés et les personnalités invitées. Chaque année nous cherchons une adéquation avec l’actualité et les préoccupations des élus. Pour les 70 ans, l’équipe en charge de l’organisation y travaille et c’est encore un peu tôt pour en parler ».

L’une des cinq missions de l’Association que vous présidez concerne l’expression des positions concertées auprès des pouvoirs publics. Compte tenu de l’actualité qu’est-ce que les communes demandent aujourd’hui à ces pouvoirs publics ?

« La force de notre association est sa représentativité puisqu’elle est animée par toutes les communes et les intercommunalités de la Marne. Politiquement, nous sommes neutres et nos demandes passent au-delà de toutes les étiquettes. La crise que nous avons traversée a mis en évidence l’efficacité du terrain en appui des décisions gouvernementales en matière de réponses. L’Etat ne peut rien faire sans les communes et réciproquement. Ce que les communes demandent à l’Etat c’est qu’il réagisse vite et bien, par exemple aujourd’hui face à la montée des coûts des énergies ».

Le Plan de Relance, issu de la crise économique, conséquence de la crise sanitaire, a-t-il en ce qui concerne la Marne, vraiment bénéficié aux territoires ruraux ?

« Le Plan de relance a été basé sur l’investissement. Toutes les communes qui avaient des projets d’investissement ont pu en bénéficier. L’intérêt réside dans le fait que l’Etat a doublé son niveau d’intervention et que des pactes régionaux sont venus renforcer les moyens à la disposition des investisseurs ? Le rebond économique de 2021 trouve aussi une partie de sa source dans ce plan de relance qui a véritablement boosté l’investissement ».


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On dit des communes rurales qu’elles sont le moteur d’un modèle écologique. Votre opinion sur ce sujet ?

« Je ne suis pas d’accord avec cette affirmation parce que l’écologie concerne toutes les communes de toutes tailles. Par exemple, la mobilité électrique, les pistes cyclables, la réduction des volumes de déchets, et globalement tous les sujets de la transition énergétique concernent toutes les communes et le modèle n’est pas forcément dans le rural ».

Comment peut-on améliorer la vie quotidienne des habitants ?

« Les maires sont à l’écoute des attentes de leurs administrés. Nous vivons cette amélioration au quotidien. On peut citer l’arrivée de la fibre dans toutes les communes du Grand Est d’ici à la fin de cette année et cet équipement va servir l’attractivité des communes et le bien-être des habitants. On vient chercher à la campagne les services qui existent dans les villes. La qualité de réseau du plus petit village de la Marne sera équivalente à celle que l’on trouve à Paris ».

En quoi les communes peuvent-elles participer au développement économique des territoires ?

« C’est par leur intercommunalité qui possède cette compétence que les communes participent au développement économique, aux côtés de la Région, collectivité majeure sur ce sujet ».

« Nous sommes entrés dans une période de dérèglement total de l’économie. Ce sera compliqué de boucler les budgets 2022 et surtout de construire ceux de 2023 »

En cette période de rentrée scolaire, sur fond de manque de personnels dans les transports scolaires, d’augmentation du prix des énergies et d’augmentation des repas dans les cantines scolaires, comment abordez-vous cette échéance ?

« Nous sommes inquiets. Les coûts flambent, les recrutements sont difficiles et les métiers, attractifs hier, ne le sont plus aujourd’hui. Cette situation vise autant le privé que le service public. On constate réellement un avant et un après Covid. Le rapport au travail a radicalement changé ».

Rejoignez-vous ce constat, souvent évoqué, de la complexité grandissante de la fonction de Maire ?

« L’accentuation de cette complexité est évidente. Les lois sont de plus en plus exigeantes, les décrets d’application de plus en plus précis et digérer la capacité normative d’un pays comme le nôtre est déjà une grande complexité. Ajoutez à cela des crises à répétitions, le changement climatique, les problématiques de ressources en eau ou de biodiversité et vous constatez que tout se complique pour les maires qui sont en première ligne sur ces sujets. On peut ainsi comprendre une certaine angoisse chez les élus communaux et dire combien l’Association est utile pour éviter cette complexité et y répondre tous ensemble ».

L’Association des Maires de France vient d’exprimer un certain nombre de sujets auprès de la Première Ministre, entre autres le déséquilibre des budgets locaux et la baisse des capacités d’investissement, adhérez-vous à ce constat ?

« Quand l’Etat revalorise les salaires de la fonction publique cela se traduit immédiatement par une impasse budgétaire dans les communes. La flambée des coûts du gaz en est une autre. Nos budgets primitifs, votés en début d’année, vont être gonflés par des budgets supplémentaires que l’on n’avait jamais vus auparavant. Nous sommes entrés dans une période de dérèglement total de l’économie. Ce sera compliqué de boucler les budgets 2022 et surtout de construire ceux de 2023. D’autant que l’Etat a les mêmes problèmes que nous ».

Avez-vous l’impression que les élus locaux sont assez consultés dans l’élaboration des lois, notamment en matière de territorialité ?

« Ne pas être démagogique sur ce sujet, parce que la consultation de tous les maires, à chaque loi, est impossible. Sont donc consultées nos associations représentatives et à ce niveau nous sommes effectivement écoutés. Après les gilets jaunes et le grand débat national, la considération des élus de base a pris du volume. Les relations avec les préfets se sont nettement améliorées. Le temps passé à la concertation n’est jamais du temps perdu. »