L’aéroport de Vatry privatisé d’ici à 2026 ?
Développement. Vatry, le 7e aéroport français de fret en 2021 (30 000 tonnes) pourrait passer sous pavillon privé d’ici à 2026, terme vraisemblable de la fin des subventions des trois collectivités locales partenaires. D’ici à cette échéance, le Conseil Départemental de la Marne entend bien soutenir un outil porteur d’emplois et de retombées économiques conséquentes.
Le yoyo peut faire peur (18 000 tonnes de fret en 2017, 5 000 en 2018, 3 000 en 2019, 12 000 en 2020 et 30 000 en 2021). Mais 22 ans après son inauguration l’aéroport, de fret prioritairement, se donne des perspectives claires : équilibre financier sans subventions locales et donc accueil d’un opérateur privé au capital avec vocation de propriété.
Entretien avec Christian Bruyen, Président du Conseil Départemental de la Marne.
La nouvelle identité de l’aéroport de Vatry est-elle provisoire ?
« Elle est définitive et s’adresse surtout aux opérateurs de fret pour qui l’ancienne dénomination Paris-Vatry ne parlait pas beaucoup. Pour le fret, Paris c’est du temps perdu pour les opérateurs. Vatry, c’est la rapidité et l’efficacité. »
Et pourquoi pas Vatry-Champagne ?
« La nouvelle dénomination vise plutôt l’attractivité en matière d’efficacité des opérations de fret. En revanche, en termes de communication, nous ne nous interdisons pas, ponctuellement, pour redévelopper des nouvelles lignes pour les voyageurs, la dénomination Champagne. »
Le Conseil départemental vient de voter un financement de 3 M€ en faveur de l’EPGAV, l’Etablissement Public de Gestion de l’Aéroport de Vatry. Pourquoi et dans quelle condition ?
« Il s’agit d’une avance de trésorerie sur les trois prochains exercices de l’établissement. Si l’on estime l’activité fret aux alentours de 30 000 tonnes par an, l’opération est jouable. Dans ces 3 M€ figurent 650 000 euros couvrant les dépenses énergétiques supplémentaires. D’un autre côté, la montée en charge du fret en 2021 et 2022, nous a imposé des recrutements et des formations spécifiques, un renforcement de la sécurité et de la sûreté sur le site, aux alentours de 1,2 M€ et enfin un besoin en équipement et maintenance pour le solde. Nous affinons cette répartition. »
Qu’en est-il des prévisions de 66 000 passagers et 45 000 tonnes de fret, avancées lors du dernier Conseil d’Administration de l’EPGAV en Juin dernier ?
« Le contexte économique international, avec des pertes de recettes conséquentes, nous oblige à revoir ces prévisions à la baisse. Nous visons pour 2022 une activité fret de 22 à 23 000 tonnes et nous y parviendrons très certainement. L’évolution du trafic passager, peut-être entre 50 et 60 000 voyageurs, n’entre pas en compte dans notre avance de 3 M€. »
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Que vont devenir les 2 M€ de subventions des trois collectivités territoriales : la Région, le Département et l’Agglomération de Châlons-en-Champagne ?
Ces subventions, 666 000 euros pour le Grand Est, 333 000 euros pour l’Agglomération de Châlons-en-Champagne et 1 M€ pour le Département sont attendues sur les trois prochaines années : 2023, 2024 et 2025. Le million d’euros du Département figure dans l’avance de 3 M€. Le Département ne s’interdisant pas d’intervenir à nouveau et si nécessaire sur la compensation des hausses de coûts des énergies.
Un chiffre d’affaires 2021 (13,5 M€) porté à 29% (3,9 M€) par des compensations d’Etat et des subventions, est-ce encore un modèle économique viable ?
« Nous considérons que l’activité va se développer et revenir au moins au niveau de 2021. Aujourd’hui, le modèle économique n’est pas viable, mais nous pouvons l’aider à le devenir. Il faut remarquer que tous les aéroports de province bénéficient de ces compensations de l’Etat. Que les aéroports fonctionnent avec des aides des collectivités peut paraître illogique. À terme, ces subventions doivent disparaître.
Si Vatry continue de bénéficier d’aides des collectivités, nous ne pourrons pas trouver de partenaires privés de référence, voire de gestionnaires. Nous ne sommes absolument pas opposés à ce qu’un partenaire privé prenne les commandes de Vatry. Nous avons des sollicitations sur ce sujet. Ce qui bloque, c’est la présence d’aides de collectivités locales dans les comptes de l’aéroport. Notre objectif est évidemment une relance de l’activité permettant une rentabilité propice à la privatisation. »
Avec quel calendrier ?
« Pour nous, les trois années à venir sont les dernières du soutien des collectivités territoriales partenaires. L’équilibre des comptes doit s’imposer à fin 2025. A cette date, nous serons ouverts au partenariat privé et même vendeurs, sous couvert, évidemment, de l’acquiescement des autorités nationales. »