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Hermès : et 1, et 2 et 3 maroquineries dans les Ardennes !

Luxe. C’est donc bien Hermès qui va reconvertir la friche industrielle Deville à Charleville-Mézières pour y construire son troisième site de production dans le département. Avec en prime 280 emplois.

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Photo de Boris Ravignon et Noël Bourgeois
Boris Ravignon, maire de Charleville-Mézières, et Noël Bourgeois, président du conseil départemental ont accompagné le groupe dans l’installation de son 3e site ardennais. (Crédit : DR)

Preuve que le marché du sac à main de luxe se porte à merveille et reste très soutenu, Hermès, afin d’accompagner le succès de ses collections de maroquinerie-sellerie, va consolider son modèle artisanal en réalisant une nouvelle maroquinerie et en implantant son siège administratif à Charleville-Mézières.

Comme annoncé dans le numéro 8013 des Petites Affiches Matot-Braine, la prestigieuse maison française reconvertira une partie de la friche industrielle Deville, un lieu historique et emblématique vieux de 170 ans mais à l’abandon depuis 2016. La décision officielle a été annoncée le 19 avril par les dirigeants du fleuron du luxe.

Hermès, une garantie

L'activité de la maroquinerie de luxe
Le site de l’ancienne usine Deville à Charleville-Mézières créé en 1846 par les frères Albert et Emile Corneau et qui compta un moment 1800 employés pour la conception des fameux poêles à flamme bleue va laisser la place à une maroquinerie de luxe et à ses 280 emplois. (Crédit : DR)

Ce dont se sont félicités lors d’un point-presse Boris Ravignon, maire de Charleville-Mézières, et Noël Bourgeois, président du Conseil départemental et facilitateur du projet car propriétaire des 3,3 hectares de la friche.

« La magie de cette excellente nouvelle survient après la clôture des marchés, un long travail collectif de préparation et de discussions et une belle alliance de volontés. On a ainsi abouti à une grande victoire qui nous remplit de fierté et de satisfaction ».

Echaudée par les retentissants fiascos ayant suivi les projets d’implantation de Cevital dans l’enceinte de PSA aux Ayvelles et des Cycles Mercier à Revin, l’opinion publique ardennaise avait émis des doutes après l’annonce faite par Boris Ravignon de ce projet à 280 emplois sans avoir alors identifié le nom de l’investisseur.

Le fait que ce programme soit piloté par Hermès, qui bénéficie dans les Ardennes d’une crédibilité certaine, a pleinement rassuré les habitants les plus pessimistes. « S’il s’agit d’Hermès, on peut avoir confiance. Cette Maison assure ses promesses sur le terrain. Il n’y a aucun doute sur le sujet », confie un acteur économique.

« Nous avons ici des racines profondes » avait d’ailleurs déclaré Emmanuel Pommier, le directeur du pôle artisanal Hermès maroquinerie-sellerie, le jour de la pose de la première pierre de l’usine de Tournes-Cliron.

800 artisans en 2027 dans ce département

Fidèle au phénomène de grappe déjà instauré dans cinq autres régions françaises, la future maroquinerie de Charleville-Mézières sera donc intégrée au Pôle maroquinier ardennais existant.

Comme « La Maroquinerie des Ardennes » qui fonctionne dans la Vallée de la Meuse depuis 2002 et « La Maroquinerie de la Sormonne », ouverte en catimini en novembre 2022 et qui sera inaugurée le 12 mai, celle de Charleville-Mézières emploiera 250 artisans et une trentaine de cadres et employés administratifs.

« La taille familiale et artisanale idéale dans ce métier », dit-on souvent chez Hermès qui, fidèle à son habitude, n’a pas communiqué sur le coût de l’investissement. L’ensemble des 3,3 hectares appartenant au conseil départemental des Ardennes depuis 2003 sera vendu pour 3,9 millions d’euros à l’Etablissement Public Foncier Régional, chargé de la faisabilité du projet et notamment de la remise en état du lieu après sa dépollution et son désamiantage.

L’EPFR restituera ensuite via Ardenne Métropole une superficie de 19 913 m² à Hermès qui métamorphosera le lieu en faisant du même coup disparaître une verrue.


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Fortement attaché à construire des relations durables avec ses partenaires locaux, Hermès a préparé cette implantation à Charleville-Mézières depuis 2022 avec le concours de l’agence de développement économique Ardennes Développement, la communauté d’agglomération Ardenne Métropole et le conseil départemental des Ardennes.

Pour le recrutement de ses artisans et collaborateurs, la maison s’appuiera sur ses partenariats avec Pôle emploi, le rectorat de Reims et le Greta des Ardennes.

« Ce n’est que le début d’un long processus, souligne Boris Ravignon, le maire de Charleville-Mézières et président d’Ardenne Métropole. Il y a encore un certain nombre d’étapes à franchir mais ça s’engage sous les meilleurs auspices. Ardenne Métropole accompagnera dans les meilleures conditions cette implantation en investissant 1 à 1,5 million d’euros. Outre le fait de nous débarrasser d’une friche, un vrai soulagement, ce projet assurera aussi le renouveau d’un quartier car nous sommes persuadés que la présence d’Hermès sera source d’attractivité pour d’autres investisseurs. C’est pourquoi la communauté d’agglomération va acquérir la partie restante pour y développer des activités tertiaires autour de l’ancien magasin à cinq étages qui fait plus de 7 000 m². L’endroit va donc totalement changer de physionomie dans la décennie ».

Côté Département, la nouvelle implantation d’Hermès aura des conséquences financières, comme l’a précisé Noël Bourgeois :

« Pour faire place nette à Hermès et ses 280 emplois sur la friche Deville, il nous a fallu rompre un compromis de vente signé en 2018 avec le groupe portugais Alves Ribeiro et dénoncé ainsi le programme de logements, de bureaux et de commerces qu’il comptait réaliser à cet endroit. Il a fallu lui annoncer la couleur, lui faire savoir qu’on devait faire marche arrière pour rendre une partie de ce terrain disponible à Hermès. Des négociations ont été engagées, l’investisseur ibérique a fait preuve de responsabilité et d’élégance mais il faudra tout de même lui verser une indemnité compensatoire de 2,7 millions d’euros ».

C’est à partir de 2027 que le 26e site de production d’Hermès Maroquinerie Sellerie sur le sol français fabriquera à Charleville des sacs Kelly, Birkin, Constance et 24/24. Hermès deviendra alors le troisième employeur dans les Ardennes après Stellantis et la Centrale nucléaire de Chooz.