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Détresse psychologique du dirigeant : comment l’appréhender ?

Conférence. Dans le cadre des conférences organisées en partenariat avec la Compagnie Régionale des Commissaires aux Comptes de l’Est (CRCC Est), la juridiction consulaire rémoise accueillait récemment Jean-Luc Balleux, président de la compagnie régionale, et Isabelle Boutreau-Lecoyer, directrice de l’ARETAF, autour du thème : Comprendre la psychologie du chef d’entreprise en difficulté.

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Photo de Jean-Luc Balleux et Isabelle Boutreau-Lecoyer
Jean-Luc Balleux, président de la Compagnie Régionale des Commissaires aux Comptes de l’Est, et Isabelle Boutreau-Lecoyer, directrice de l’ARETAF. (Crédit : JR)

Thème complexe que celui qui consiste à appréhender la psychologie du chef d’entreprise en difficulté. Car ici, on quitte en partie le terrain pur et dur de l’entreprise à proprement parler pour s’intéresser à l’humain, à celui ou celle qui la dirige. Et quoiqu’il puisse y avoir un lien, certes, ce n’est pas tout à fait la même chose.

Il s’agissait donc bien de fournir aux experts-comptables – mais aussi aux avocats, banquiers, dirigeants… – qui remplissaient la salle d’audience du tribunal de commerce de Reims, quelques clés spécifiques pour mieux saisir la situation psychologique parfois critique du chef d’entreprise, permettant ainsi d’aborder le domaine de la prévention.


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En effet, un professionnel du chiffre et un chef d’entreprise n’ont pas forcément la même grille de lecture technique des difficultés financières. Pareillement, il est important de savoir la façon dont un chef d’entreprise perçoit la situation de sa structure, selon son histoire, son environnement, son entourage, etc., ce qui a souvent une incidence sur son attitude.

Le déni, ce refus de prise en compte de la réalité des choses, est une manière de se protéger, mais qui peut être dangereuse. L’expert-comptable s’apercevant d’une attitude de déni de la part de son client doit s’efforcer de lui demander s’il a bien compris les tenants et les aboutissants de la situation, l’amener à réfléchir sur le danger qu’il y a à poursuivre dans la voie actuelle – et pas seulement de réexpliquer quelque chose que le chef d’entreprise n’est pas en mesure d’entendre ou de comprendre.

Rencontrer un tiers

Ce n’est pas simple dans la mesure où inciter au changement (pour redresser une situation délicate) risque paradoxalement de renforcer la volonté de résistance du chef d’entreprise… Comment réussir à expliquer (comment oser, simplement) au chef d’entreprise, autrement que par les chiffres, qu’il va ‘‘dans le mur’’ ? Le ‘‘changement’’ relève aussi du rapport, à un moment donné, entre l’expert-comptable et son client.

Une suggestion des intervenants : proposer de rencontrer un tiers (avocat, juge de la prévention du tribunal de commerce…) susceptible de créer un déclic, une prise de conscience.
Reste que la gestion de l’humain n’est pas directement de la compétence de l’expert-comptable, qui n’a d’ailleurs pas été formé à cet effet.

En outre, tenu au secret professionnel, comment peut-il alerter des structures d’aide psychologique comme l’ARETAF [1] ou l’APESA [2] ?

La réponse n’a pas été expressément apportée, mais le sujet a passionné les professionnels présents, comme en ont témoigné leurs interventions tout au long de la conférence.

[1Association Régionale d’Etudes, de Thérapies, d’Aides à la Famille et d’Actions de Formation

[2Aide Psychologique pour les Entrepreneurs en Souffrance Aiguë, fondée en 2013 par Marc Binnié, greffier au Tribunal de commerce de Saintes (Charente-Maritime). Une antenne est présente au Tribunal de Reims.