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Berges de Reims : la ville se tourne vers l’eau

Urbanisme. Le nouveau projet des Berges de Reims, situé entre le Pont de Venise et le pont Charles de Gaulle a été officiellement dévoilé. Il prévoit un réaménagement total de cette partie de la ville, avec comme première grande décision, la destruction du pont Charles de Gaulle pour une nouvelle passerelle, uniquement dédiée aux déplacements « doux ».

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Reims n’en finit pas de se transformer. Après le réaménagement de la zone Sernam avec l’édification de l’UCPA Sport Station et de l’Arena, la requalification des Promenades, le projet de réaménagement du Port Colbert avec la création de deux nouveaux bâtiments pour les écoles Neoma et Esad ainsi que d’un parc locatif, c’est au tour des Berges de Reims de se voir dessiner un nouveau visage. Avec comme pièce maîtresse, le canal, et cette promesse de campagne d’Arnaud Robinet, de « tourner la ville vers l’eau ».

« Nous souhaitons que ces berges, reliant les deux parties de la ville, deviennent un îlot de convergence. Nous avons pensé cette transformation, à l’aide du groupement ANMA (Agence d’architecture, d’urbanisme et de paysage) avec pragmatisme et réalisme », soutient Arnaud Robinet, maire de Reims. Pour y arriver, exit l’immense ouvrage du Pont Charles de Gaulle, édifié en 1972. Ce dernier, construit pour durer des dizaines d’années, souffre pourtant de problèmes d’étanchéité et ne correspond plus aux usages de la ville d’aujourd’hui. Dimensionné pour accueillir jusqu’à 50 000 véhicules par jour, il n’en accueille au final, en moyenne « que » 9 000, 6 000 dans le sens centre-ville / Courlancy et 3 000 dans l’autre.

Créer de nouvelles mobilités

« On porte l’ambition de rendre le territoire plus résilient », insiste Arnaud Robinet, assumant un
« choc de vision ». « Aujourd’hui, nous avons un ouvrage démesuré, imposant mais peu utilisé », juge-t-il en s’appuyant sur les dernières études réalisées. Pourtant, le nombre de véhicules à reporter essentiellement sur les pont de Venise et Fléchambault semble conséquent, surtout aux heures de pointe lorsque l’on connaît l’engorgement à cet endroit. « Une circulation parfaitement absorbable », tranche Catherine Vautrin, présidente du Grand Reims, précisant cependant vouloir « réfléchir à une échelle plus grande ». Conscients de cette problématique les deux élus veulent regarder vers l’avenir. L’ambition est bien de créer de nouvelles mobilités, de privilégier les modes de déplacement actifs (comprendre vélo, trottinette, marche à pied) et de reporter la circulation vers les futurs BHNS (bus à haut niveau de service) devant être mis en place en 2025. 2025, date d’élection et date butoir pour la plupart des projets du Grand Reims. C’est notamment à cette date que devrait être entamé un nouveau visage des berges.


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« Nous avons la conviction que le port actuel ne correspond pas aux exigences de notre époque. C’est pourquoi les berges vont être redessinées, avec des jardins aquatiques de 8 500 m2. Notre volonté est de ‘‘débitumer’’ et de reverdir cette partie de la ville », avance Catherine Vautrin. Ainsi, les aménagements feront la part belle aux promenades au bord de l’eau et aux haltes de pique-nique. « Le projet des Berges de Reims porte une véritable ambition en matière de mobilités douces avec l’envie de redonner une vocation fluviale à nos mobilités. Il sera aussi l’occasion d’agir concrètement contre les îlots de chaleur et d’offrir « un véritable poumon vert » tout au long du canal et de la Vesle. Il s’intègre dans le projet de territoire qui a pour ambition de rendre le Grand Reims plus respectueux de son environnement », poursuit-elle.

Réduire de moitié la circulation

Cette partie, à proximité directe de la cathédrale n’était plus qu’un nœud routier. La vue, dégagée, et les voies de circulation du boulevard Paul Doumer, longeant l’ensemble réduites à deux fois une voie, devront contribuer à un nouvel attrait touristique et à une reconquête du lieu par les habitants. Les Berges de Reims sont en effet traversées à 49% par la circulation automobile et à 33% par les piétons avec la voie verte. Demain, c’est un objectif de 25% de voiture, 30% de loisirs, 20% de piétons et 20% de cyclistes qui est attendu, avec la volonté d’apaiser cette partie de la ville.

D’ailleurs, à terme, c’est toute une réflexion qui comprend aussi la voie Taittinger et ses 50 000 véhicules par jour qui est envisagée. Dès l’année prochaine, une concertation sera engagée avec les habitants pour un début des travaux en 2024. La démolition du pont devrait coûter à elle seule 3 à 4 millions d’euros quand la reconstruction est, elle, estimée entre 9 et 10 millions d’euros. Enfin, le montant des aménagements sera déterminé par la concertation auprès des habitants. La livraison de l’ensemble du projet devrait avoir lieu à partir de 2028.