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Zoom sur les nouveautés du cahier des charges AOC Champagne

Champagne. La matinée Vignoble & Qualités a permis d’aborder les questions d’actualités en Champagne parmi lesquelles le voltis, la flavescence dorée et l’arrivée des vignes semi-larges.

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Photo de la matinée de Vignoble & Qualités
Les intervenants de Vignoble & Qualités ont expliqué en détail les enjeux de l’arrivée des vignes semi-larges en Champagne. (Crédit : BB)

En 25 éditions, le succès de la rencontre Vignoble & Qualités, organisée à Chouilly par l’union de coopératives Terroirs et Vignerons de Champagne ne se dément pas.

Plus de 200 personnes se sont encore réunies le 15 mars dans la salle panoramique de Centre Vinicole – Champagne Nicolas Feuillatte pour prendre part à l’un des événements techniques annuels majeurs en Champagne. Le secret de cette réussite ?

Un savant mélange d’acteurs champenois, de techniciens et de témoins extérieurs capables d’informer un parterre de vignerons et de spécialistes sans tomber dans l’écueil du détail technique à l’excès.

Il faut dire que l’actualité champenoise est dense, avec les changements enregistrés dans le cahier des charges AOC homologué par le gouvernement le 30 novembre 2022.

Des nouveautés présentées par Laurent Panigaï, Directeur Général du Syndicat Général des Vignerons, et Louise Bataille, Responsable ODG (Organisme de défense et de Gestion) au SGV.

Ajout de la variété voltis dans les cépages champenois, obligation de traitement des plants à l’eau chaude, obligation de couvert hivernal, modalités de transvasement, installation de vignes semi-larges (VSL)…

Première évolution de taille, la possibilité pour les vignerons champenois de planter la variété de cépage voltis. « Le dogme évolue, souligne Laurent Panigaï. Il s’agit de la première variété non vitis vinifera dans un cahier des charges d’une AOC ».

Une utilisation encadrée (limitation à 5% de l’encépagement à l’exploitation, limitation à 10% d’incorporation dans les assemblages et signature d’une convention entre chaque opérateur, l’ODG et l’INAO).

Par ailleurs, l’INAO a donné son accord de principe pour la possibilité de dépasser les 5% pour certaines parcelles situées dans les ZNT (zones de non traitement, à proximité des habitations), avec une limite de 10%.

Les VSL en questions

Le cahier des charges prévoit également une obligation de traitement des plants à l’eau chaude avant plantation pour éviter la propagation de la flavescence dorée.

Cette maladie de la vigne transmise par des insectes est une réelle inquiétude de la part des vignerons champenois qui redoutent des dégâts importants dans les récoltes.

Parmi les autres nouveautés intégrées au cahier des charges : l’obligation du couvert hivernal dans l’inter-rang des vignes. Une mesure destinée à réduire l’utilisation d’herbicides mais aussi d’enrichir les sols.

Quant à la possibilité de planter des vignes semi-larges - évoquée depuis des années et qui arrive enfin sur le terrain - le sujet divise en Champagne.

Franck Mazy, consultant viticole et Pdg de Viticoncept, et Sébastien Debuisson, directeur Qualité et Développement durable du Comité Champagne, ont ainsi abordé la question d’un point de vue technique, économique et œnologique.


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De ce point de vue, il ressort des quelque 250 dégustations effectuées par les services techniques du Comité Champagne que « dans 63% des cas on n’est pas capable d’appréhender une différence » entre les vins issus de vignes étroites et des VSL, précise Sébastien Debuisson.

« Et quand il y a une différence, il n’y a pas de préférence ; et les vins sont sur les mêmes profils aromatiques ».

La différence observée par Franck Mazy depuis 1998 dans les Côtes de Toul (date de leur passage en AOC) se situe davantage au niveau technique.

Le consultant a observé « une baisse assez nette de la sensibilité de la vigne aux maladies et une baisse de 30 à 50% d’utilisation de produits phytosanitaires ».

Les équipes de Sébastien Debuisson ont quant à elles noté une baisse importante du gel dans les vignes, de l’ordre de -35%.

Des coûts de production à la baisse

Les deux inter venants se rejoignent au niveau des coûts de main d’œuvre et de production, en nette baisse avec l’utilisation des vignes semi-larges.

« Les coûts de production baissent de -30%. L’entretien des vignes semi-larges, au niveau du sol notamment est plus facile, donc moins cher. Mais il faut aussi noter une baisse de rendement de l’ordre de 20% », explique Franck Mazy.

Sébastien Debuisson rappelle à toutes fins utiles qu’il ne suffit pas d’arracher un rang sur deux pour obtenir des vignes semi-larges et que seules les nouvelles plantation pourront bénéficier de cette technique.

« Nous observons une perte de rendement comprise entre -22% et -24% mais avec un même rapport feuille-fruit. Il faut retenir un niveau d’équilibre identique ».

Des éléments qui permettront aux vignerons champenois de disposer d’un maximum de données à l’heure de faire leur choix au cours des années à venir. Vignes étroites ou semi-larges, le match est lancé