Ternoveo crée le vignoble des Hauts-de-France avec 130 néo-viticulteurs
Viticulture. Filiale du groupe Advitam, Ternoveo, basée à Saint-Quentin, vient de faire déboucher, au sens propre, son projet de production de vin dans les Hauts-de-France en mobilisant ses adhérents. 40 000 bouteilles de vin blanc sont mises sur le marché ce mois-ci. D’ici 2025, la surface plantée de vignes devrait atteindre 200 hectares, afin de produire 1,5 million de bouteilles.
La première s’appelle « Azimute ». Sa robe jaune paille est mise en valeur par la bouteille élancée, légèrement ovale, tout en transparence. La fiche descriptive du vin évoque son nez délicat d’agrumes, de fruits exotiques et de thé vert, ainsi que sa bouche souple et ample aux notes d’agrumes et d’abricot avec une petite touche saline en finale.
La seconde se nomme « Parallèle 50 », un peu par défi sans doute : ce parallèle a longtemps été considéré comme la limite septentrionale de la production de vin. Il paraît plus doré que l’autre et sa présentation souligne son nez complexe aux arômes de brioche avec une pointe de réglisse et sa bouche gourmande aux notes d’agrumes rouges et de chocolat blanc, avec une finale d’une douce amertume.
Le Chai des Hauts-de-France
Le « Chai des Hauts-de-France », situé à Dompierre-Becquincourt, tout près de Péronne dans la Somme, et à une quinzaine de kilomètres du 50e parallèle nord, a vinifié ces cuvées, les deux premières étiquetées « Les 130 ». « Cette étape marque le début d’une grande histoire pour notre entreprise, notre chai et notre territoire », a déclaré Christophe Dubreucq, directeur de la commercialisation.
Les vins sont tous deux tirés de chardonnay vendangé en 2022, sous la simple appellation « vin de France »… en attendant mieux. Azimute, qualifié de rond et vif, est destiné à l’apéritif ; il se vend 12,30 €. Parallèle 50, élevé partiellement en fûts de chêne, est réputé complexe et censé s’harmoniser avec un poisson gras, des crustacés grillés ou un plat gratiné au maroilles ; il revient à 16,90 €. On devrait les trouver dans des cafés, hôtels et restaurants de la région, les boutiques Prise Direct’, autre filiale du groupe, et au caveau.
Les 130
Advitam, groupement de coopératives, a créé Ternoveo il y a 11 ans, en rachetant et fusionnant 3 maisons de négoce, et en a fait aussitôt son fer de lance pour l’innovation.
Afin de trouver des revenus complémentaires à ses adhérents et saisissant l’opportunité offerte par le réchauffement climatique, ses dirigeants ont conçu le projet « Les 130 » avec l’aide du cabinet spécialisé Vinolis et de deux œnologues. Il a fallu créer le vignoble de toute pièce, sur des parcelles sélectionnées pour leurs sols calcaires et leur ensoleillement chez les adhérents volontaires.
Ceux-ci découvrent la viticulture. Formé et conseillé, chacun n’a à s’occuper au début que d’une parcelle d’un hectare et demi en moyenne. Ce sont les vignes des 17 premiers, plantées en 2020 dans 4 départements (Aisne, Nord, Pas-de-Calais et Somme), qui ont fourni le raisin des premières cuvées.
Aujourd’hui, ils sont déjà 50 et dans deux ans, ils devraient être 130, d’où leur nom, à cultiver 200 hectares et produire de quoi faire 1,5 million de bouteilles d’ici 2033, réparties entre 4 cuvées différentes.
Leurs raisins sont achetés par le Chai des Hauts-de-France, filiale montée par Ternoveo pour vinifier et commercialiser le tout. Il dispose d’un vrai chai, installé dans une ancienne sucrerie et pourvu des techniques les plus modernes, qui a nécessité un investissement d’1 million d’euros, dont une aide régionale de 200 000 €.
Selon Xavier Harlé, DG de Ternoveo, il faudra 1 million supplémentaire pour accueillir et traiter la vendange de 200 ha. Le chai a été inauguré en janvier dernier, en présence du président de région, Xavier Bertrand, tout heureux de voir « l’image des Hauts-de-France se transformer »