Les vignerons indépendants affirment leur légitimité
Viticulture. En assemblée générale, la Fédération des vignerons indépendants de la Champagne a rappelé ses missions et ses axes de travail à ses 450 adhérents locaux.
Trois ans après avoir pris leur autonomie vis-à-vis du Syndicat Général des Vignerons, les vignerons indépendants champenois ont définitivement tourné la page de cet épisode. Plus indépendante que jamais, la Fédération a un souhait, transmis par la voix de sa présidente champenoise Christine Sevillano : « Etre un acteur incontournable de la région, symbole de la manipulation ».
Une stratégie qui, en ces années post-Covid et le retour des événements et de la forte appétence des consommateurs pour le champagne, trouve tout son sens. « C’est le moment de prendre des places et des opportunités. Il y a une forte demande des gens vers le champagne de vignerons, il ne faut pas manquer cette opportunité ». Avec une injonction sous forme de conseil en matière commerciale : « Désengagez-vous et vendez de la bouteille ! »
Présent à l’assemblée générale de la Fédération des vignerons indépendants de Champagne, Jean-Marie Fabre, président de la Fédération nationale, invite les 450 adhérents champenois à poursuivre dans la voie engagée. Au-delà des vignerons indépendants, il s’agit de défendre la viticulture française, qui doit être consciente de son poids dans l’économie nationale pour faire entendre sa voix.
« La viticulture représente un chiffre d’affaires de 40 milliards d’euros et 18 milliards d’euros dans la balance commerciale extérieure. La balance agroalimentaire française est à +8 milliards. Sans le vin elle serait donc à -10 milliards d’euros… »
Image de marque
Au sein de la viticulture, les vignerons indépendants représentent 60% de la surface viticole nationale, 58% de la production française de vin et 65% du chiffre d’affaires de la filière. « 70% de nos entreprises exportent, 92% vers l’Union européenne et 86% à l’extérieur de l’Europe », explique Jean-Marie Fabre.
Pour le président national, si la France connait une phase de « déconsommation », la consommation dans le monde progresse de 2 à 3% par an alors que la production évolue peu. Il n’y a donc pas de raison selon lui que les produits français ne profitent pas de cet élan. D’autant que les vignerons indépendants bénéficient d’une image de marque de qualité auprès des consommateurs.
Selon une étude Opinion Way, leur logo représenterait pour 92% des personnes sondées la marque du savoir-faire artisanal en matière de vin français. « Pour 89% des sondés, il est synonyme de qualité et pour 86% il évoque un produit respectueux de l’environnement ». Des valeurs sur lesquelles veut continuer à miser la fédération.
« On ne laissera à personne la place de défendre nos entreprises mais on le fera avec tous les autres acteurs de la filière », insiste Jean-Marie Fabre, qui a fixé trois sujets majeurs sur la feuille de route de la Fédération : la résilience climatique, la résilience économique et le vin comme grande cause nationale.
HVE et droits de mutation
A ce titre, pour souligner les difficultés rencontrées par la filière viticole, il rappelle que sur les 1,7 Md€ de PGE octroyés en agriculture, plus de 1,4 Md€ ont été destinés à la viticulture. Or, pour rendre la filière plus efficiente, il faut davantage de clarté, insiste le président : « On ne peut pas dire qu’il faut vendre du vin et en même temps que c’est nocif pour la santé ».
Adepte de la modération et de la consommation responsable, Jean-Marie Fabre poursuit : « ça n’est pas par la prohibition qu’on réglera la problématique de santé publique ».
Côté actualité, les changements annoncés en début d’année au niveau de la certification HVE (Haute Valeur Environnementale) auront finalement moins d’impact que prévu, en raison notamment de l’implication de la Fédération nationale.
Défenseur de la HVE Jean-Marie Fabre se refuse néanmoins à l’opposer à la certification bio. « En critiquant la HVE, on ne vend pas pour autant davantage de bio », souligne-t-il.
L’allègement des droits de mutation figure également parmi les combats menés par la Fédération et son président pour faciliter la transmission familiale.
« Nous avons demandé une exonération totale des droits de mutation avec un engagement sur 15 ans en contrepartie. Il s’agit de sauver le secteur viticole de la prédation », explique Jean-Marie Fabre qui a contribué aux travaux menés par le député marnais Eric Girardin, auteur d’un rapport parlementaire sur la question. « On progresse ... », note le président national.