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Champagne : un rendement inédit depuis 15 ans

Champagne. Le Comité Champagne a dévoilé comme chaque année, mi-juillet, le chiffre de rendement commercialisable pour la prochaine vendange, issu d’un accord entre les Vignerons et les Maisons de champagne. Le plus haut depuis 15 ans. Cette annonce a aussi été l’occasion d’annoncer de nouvelles orientations stratégiques pour la filière.

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Champagne : un rendement inédit depuis 15 ans
Maxime Toubart et David Chatillon, les deux co-président du Comité Champagne (Crédit : DR)

« Il s’agit du rendement le plus élevé depuis 15 ans (2007) », affirme David Chatillon, nouveau président de l’Union des Maisons de Champagne et co-président du Comité Champagne, concernant les rendements commercialisables de la filière pour la vendange 2022 (autorisation de cueillir un nombre de kg maximum par ha fixé par l’interprofession). Mais gardons un peu de suspense pour revenir sur un bref historique de situation depuis deux ans pour expliquer le contexte décisionnaire. 2020 : le Covid frappe le monde entier, entraînant un arrêt brutal de l’économie. Restaurants et discothèques fermés, exportations à l’arrêt, pour la filière champagne, c’est un coup dur.

Les professionnels constataient ainsi « un effondrement des ventes de l’ordre de 50 à 80% sur les mois de mars et d’avril 2020 ainsi qu’une baisse significative des expéditions, de l’ordre de 21,9 % pour le mois de mars 2020 ». Résultat : un niveau d’expéditions exceptionnellement bas à 244 millions de bouteilles. Mais comme souvent dans les crises, une fois passée, les affaires repartent de plus belle. Début 2021 : En termes d’export, une hausse de 15% de plus que les six meilleurs premiers mois de 2018 était enregistrée. Et sur l’année, avec 3,5 milliards d’euros, les exportations de champagne progressent de 42,2% (322 millions de bouteilles) comparativement à 2020 et pèsent 33% de la valeur totale des vins français à l’étranger. Alors… que dire de 2022 !

Résultat : un niveau d’expéditions exceptionnellement bas à 244 millions de bouteilles. Mais comme souvent dans les crises, une fois passée, les affaires repartent de plus belle. Début 2021 : En termes d’export, une hausse de 15% de plus que les six meilleurs premiers mois de 2018 était enregistrée. Et sur l’année, avec 3,5 milliards d’euros, les exportations de champagne progressent de 42,2% comparativement à 2020 (322 millions de bouteilles) et pèsent 33% de la valeur totale des vins français à l’étranger. Alors… que dire de 2022 !

Le principe incontournable de « réserve »

« L’avenir ça se prépare, c’est un des enseignements majeurs que nous pouvons retenir de ces deux années particulières », constate David Chatillon. « Grâce aux outils qu’avaient imaginés nos prédécesseurs, dont le principe champenois de réserve, nous avons pu traverser ces crises. 2021 a été compliquée pour une partie des vignerons qui ont perdu une part significative de leur vendange. Nos outils de régulation ont alors pleinement joué leur rôle. Nous avons pu compenser en grande partie le déficit de vendange 2021 dû à une année climatique et sanitaire particulièrement dure. C’est la preuve que la réserve est utile », insiste pour sa part Maxime Toubart, président des Vignerons de Champagne.

+ 14% d’expéditions par rapport au 1er semestre 2021

Revenons à la vendange 2022. « Les vignes à date sont belles », révèlent les deux co-présidents du Comité, « avec un rendement moyen de 14 500 kg/ha agronomiques ». Prudents mais confiants, ils annoncent en conséquence une vendange en quantité et de qualité. Côté expéditions, l’humeur est aussi à l’optimisme. « Les expéditions du premier semestre 2022 sont en forte hausse. + 14% par rapport au premier semestre 2021, à 130 millions de bouteilles. À fin juin, sur 12 mois glissants, on atteint 336 millions de bouteilles expédiées et on anticipe un atterrissage sur l’année civile 2022, aux alentours de 325 millions de bouteilles. »

« Il s’agit de prévoir aujourd’hui les bouteilles de demain »

L’export, avec 79,6 millions de bouteilles, progresse de 16,8% tandis que la France enregistre une hausse de 9,3% avec 50,3 millions de bouteilles. L’explication de ces très bons chiffres réside en partie dans l’adoption, pour le consommateur, de nouveaux comportements et modes de consommation. « Les gens ont appris à déguster du champagne à domicile et cette tendance a toutes les chances de se poursuivre. » De nouveaux consommateurs sont également apparus, « plus jeunes et dans des occasions moins formelles ».

Un rendement commercialisable de 12 000 kg/ ha

Tous ces indicateurs annoncent donc des perspectives favorables, et comme les raisins récoltés cette année, seront commercialisés d’ici plusieurs années, il y a une nécessité de reconstituer les stocks. « Il s’agit de prévoir aujourd’hui les bouteilles de demain », rappelle David Chatillon. C’est pourquoi le Comité Champagne s’est mis d’accord sur un rendement commercialisable de 12 000 kg/hectare (+ 20% par rapport à 2021 à 10 000 kg/ha). « C’est le bon niveau de rendement pour l’avenir. Cela permet d’alimenter les marchés mais aussi de reconstituer de la réserve interprofessionnelle dans la mesure où la vendange s’annonce volumineuse », souligne le nouveau président de l’Union des Maisons de Champagne.


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« En termes de réserve, on part d’un niveau de stock que l’on doit reconstituer. On est à 3,5 années au mois de juillet au lieu de 3,8 », livre David Chatillon. « C’est le meilleur équilibre. Cela suppose d’avoir suffisamment de stock pour garantir la qualité. Il y a quelques années on était à 3,7 et on a constaté des tensions sur les marchés internes qui nous faisait dire que l’on était sans doute un peu juste. Ceci car la durée moyenne de vieillissement des bouteilles s’allonge avec les cuvées millésimes et de prestige. »

Un nouvel outil : le crédit de réserve

En effet, pour bon nombre de vignerons, il n’y a pas eu assez de cette réserve pour atteindre le rendement tirable de la vendange 2021. « 940 récoltants n’ont pas eu assez de la réserve », précise Maxime Toubart. C’est pourquoi l’interprofession a décidé de mettre en place un nouvel outil : le crédit de réserve. « Le principe permet, lors d’une année déficitaire, de pouvoir différer dans le temps une sortie de réserve. En clair, il vous manque de la vendange une année, vous pouvez l’année suivante, constituer de la réserve que vous débloquerez après coup, pour compenser le manque de récolte de l’année N », explique-t-il.

« Ce crédit, géré par le Comité Champagne, pourra être utilisé au cours des trois années suivantes, au fur et à mesure de la reconstitution de la réserve. L’objectif est de se donner les moyens d’atteindre chaque année le rendement commercialisable fixé par l’interprofession afin d’assurer l’équilibre des marchés », poursuit David Chatillon. Un outil inédit et qui satisfait l’ensemble de la filière, les vignerons s’étonnant même de ne pas avoir vu la mise en place de ce dispositif « plus tôt ».

« Disponible, désirable et exemplaire »

C’est dans ce contexte « d’optimisme raisonnable » que la filière annonce travailler sur plusieurs axes afin « d’améliorer la performance de la production, remédier aux variations extrêmes d’une année à l’autre, et donc engager des budgets importants sur la recherche et le développement ». Faire en sorte que le champagne conserve sa place unique dans le cœur des consommateurs, « disponible, désirable et exemplaire », reste également un défi majeur. « Les Américains ont pour habitude de dire qu’il ne faut pas ‘‘gâcher une crise’’, énonce David Chatillon, il faut donc analyser ce qu’il s’est produit et en déduire des changements nécessaires. »