Champagne et transition écologique : une étude inédite
Champagne. Une étude inédite, menée par la Chaire Bioéconomie et Développement Soutenable de NEOMA Business School, vise à accompagner les acteurs de la filière Champagne dans le cadre de la transition écologique du vignoble. Une récente conférence était l’occasion de la présenter plus largement.
Ce n’était pas tout à fait par hasard qu’une conférence ayant pour thème « La Champagne face à la transition écologique : quels modèles d’avenir ? », organisée fin mars à Néoma, rassemblait les représentants de l’écosystème champenois : Comité Champagne, Union des Maisons de Champagne, Syndicat Général des Vignerons, vignerons, coopérateurs, négociants...
Pas tout à fait par hasard tant il est vrai qu’en la matière, et face aux enjeux de l’avenir, cette filière que le monde viti-vinicole envie à la Champagne joue collectif. Dès 2003, la Champagne était d’ailleurs la première région viticole du monde à réaliser son bilan carbone. Aujourd’hui, l’urgence climatique la contraint à accélérer le mouvement.
Pour accompagner tous les acteurs de la profession, la Chaire Bioéconomie et Développement Soutenable de NEOMA Business School, sous la direction de Nicolas Béfort, en partenariat avec la Caisse d’Epargne Grand Est Europe, a mené pendant trois ans une étude inédite, afin d’alimenter les réflexions actuellement en cours dans la recherche des différentes approches pour favoriser une transition écologique soutenable du secteur.
Profils, approches, mesures
L’étude met en évidence trois profils d’organisation dans le processus de transition environnementale, avec les vignerons pionniers fortement engagés depuis 10 ans, les vignerons novices ayant démarré leur transition depuis 5 ans, et les vignerons à la tête de petits domaines dont le virage vers une production soutenable est plus récent. Sur la base de cette organisation, l’étude met également en lumière deux approches de réorientation stratégique :
- l’approche « puzzle », selon laquelle la transition environnementale est traitée de manière indépendante, par postes d’émission de gaz à effets de serre (culture, verre, emballage, transport…), et déclinée en objectifs mesurables (surtout mis en œuvre par les structures de grande taille) ;
- l’approche « holistique », selon laquelle la durabilité est perçue comme un processus de transition globale, principalement orientée sur les modes de production, l’évaluation des pratiques étant assurée via les labels qui structurent la profession (certification HVE, label Viticulture Durable en Champagne VDC, label BIO).
Loin d’engendrer une quelconque division parmi les acteurs de la filière, les deux approches coexistent et se révèlent créatrices de valeur, comme le montre l’étude. Reposant sur l’idée d’un patrimoine à protéger, « le collectif joue un rôle déterminant grâce à une organisation interprofessionnelle très structurée qui agit depuis longtemps au nom de la marque Champagne. Tous les acteurs interrogés soulignent ainsi la nécessité de favoriser l’intelligence collective et l’innovation participative », souligne Nicolas Béfort.
L’étude propose donc trois mesures pour accélérer la transition écologique du champagne : la formation des acteurs et la circulation des connaissances dans toutes les étapes de recherche et d’innovation ; la généralisation des expérimentations ; le développement de boucles de circularité (permettant de créer de nouvelles activités et de favoriser l’atteinte des objectifs de neutralité carbone).
La force du collectif
Ces axes sont d’ores et déjà mis en œuvre par les différents acteurs. Pour Rémi Vervier (Champagne Palmer) le triptyque « formation, information, accompagnement, permet de faire bouger les choses ». Laurent Panigaï, directeur général du SGV, estime qu’« il faut garder le cap d’une stratégie claire et co-construite, en capitalisant sur l’appellation et le Comité Champagne qui œuvre dans le compromis et la concorde, ce qui fonctionne bien depuis plus de 100 ans et constitue un formidable capital immatériel ».
Le directeur général du SGV soulève toutefois la question du temps, dans un monde où tout va plus vite… sauf le cycle de la vigne et la maturation des vins. « L’innovation doit nous permettre de faire évoluer les cépages, et nous devons nous approprier l’usage de nouveaux outils. » Si Pauline de Limerville (directrice générale de l’UMC) ne dit pas autre chose quant à « l’immédiateté des attentes et le temps long de l’élaboration du champagne », elle souligne que « les Maisons partagent leurs connaissances avec les vignerons et valorisent leurs efforts ».
En conclusion, Charles Goemaere, directeur général du Comité Champagne, assure que « l’avenir, à travers toutes ses formes, se prépare ensemble, l’intérêt collectif étant toujours plus avantageux pour les individus ». En termes de transition écologique, la Champagne a pris le problème à bras le corps pour s’engager vers un avenir durable.