Projet de loi de finances : Soutenez les universités !
Finance. Dans le contexte de contrainte budgétaire, les présidents et directeurs d’établissements publics d’enseignement supérieur appellent les parlementaires à soutenir la formation, la recherche et l’innovation. L’avenir de notre pays en dépend.
Nos universités occupent une place essentielle au sein de notre société. Elles ont un rôle central dans la formation de citoyens éclairés, qualifiés et responsables, tout en contribuant à la production de savoirs nouveaux et à la réponse aux enjeux actuels et futurs.
Nos universités forment les étudiantes et étudiants qui seront demain les techniciens, enseignants, ingénieurs, juges, chercheurs, médecins, policiers, pharmaciens, avocats,... contribuant ainsi au dynamisme des entreprises, des services publics, ainsi qu’au secteur associatif et culturel dans nos territoires. Elles le font dans un souci de démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur, grâce à un maillage territorial dont la densité est à souligner.
Nos universités œuvrent à la réussite des étudiants en améliorant leurs conditions d’études, avec d’excellents taux d’insertion, supérieurs à 90 % en master au niveau national. Elles forment aux métiers de demain pour anticiper et préparer la jeunesse à être actrice des transitions de notre société. Elles déploient une offre de formation continue à même d’adapter les compétences aux réalités nouvelles. Elles mènent des recherches et innovent pour relever les défis économiques, démocratiques, sociaux, sociétaux, environnementaux, auxquels nous sommes confrontés. Par exemple, en découvrant de nouvelles solutions pour traiter le cancer, de nouveaux dispositifs en cybersécurité et cyberdéfense, de nouvelles sources d’énergie. Nos universités sont aussi des vecteurs majeurs de la solidarité enracinée dans leurs territoires.
Parce que nos universités et nos grandes écoles sont les vôtres, nous alertons solennellement sur leur situation financière alors que le projet de loi de finances 2025 est en débat. Ce projet prévoit que les universités prennent en charge plus de 180 millions d’euros de dépenses supplémentaires pour financer les pensions de retraites de leurs personnels. Ces dépenses s’ajoutent aux autres mesures imposées par l’État mais non compensées ces dernières années. Ce sont près de 500 millions de dépenses supplémentaires pour l’ensemble des universités en deux ans ! De telles dépenses, dont la légitimité n’est pas discutée, ne peuvent peser sur les budgets des établissements et donc sur notre jeunesse. À cela vient s’ajouter une mise en cause des opportunités offertes aux universités pour obtenir de nouvelles ressources, et dont l’État conteste les acquis. C’est le cas des contrats en apprentissage puisqu’il est question de modifier unilatéralement leurs niveaux de prise en charge alors qu’il s’agit d’un levier indispensable de démocratisation de l’enseignement supérieur et d’insertion des diplômés les plus modestes.
Comme tous les opérateurs de l’État, les universités doivent contribuer à l’effort national et elles le font. Depuis 2017, à l’échelle du pays, le nombre d’étudiants a augmenté de près de 12 %, alors que le budget de l’enseignement supérieur a baissé d’environ 4 % en euros constants, entraînant une diminution de 15% de la dépense par étudiant. Grâce à l’engagement de leurs personnels, les universités ont réussi à maintenir leur dynamique scientifique, repoussant la menace avérée du déclin de la recherche française. Mais nous arrivons au bout de ce qui est possible.
En l’état actuel, selon les chiffres de France Universités, une soixantaine d’universités pourraient finir l’année 2024 en déficit. L’année2025 s’annonce bien plus délicate. Les universités vont encore devoir prendre de nouvelles mesures drastiques d’économie, et pourraient être obligées de supprimer de nombreux postes d’enseignants-chercheurs, alors qu’en 10 ans le taux d’encadrement des étudiants a diminué et que le nombre d’enseignants contractuels ou de vacataires a explosé.
Nous appelons donc à une mobilisation des élus des territoires en faveur de leurs universités et de leurs écoles. Le risque est grand de dégrader leur fonctionnement de manière irréversible. Le moment est crucial. Il faut les soutenir.