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Présidentielles : François Baroin prend finalement position

Politique. Dans une tribune le maire de Troyes décide d’adopter une position plus claire à l’issue du premier tour des présidentielles.

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François Baroin. DR

« Dimanche prochain se tiendra le second tour de l’élection présidentielle. Le choix défini souverainement par les Français plonge de nombreux compatriotes dans une perplexité insondable. Le vote blanc et l’abstention seront probablement présents en nombre à ce rendez-vous. Jamais notre pays n’a été autant divisé, et fracturé. Mesure-t-on vraiment que Marine Le Pen est arrivée en tête dans 20 000 communes contre 12 000 pour Emmanuel Macron ?

Le sentiment d’abandon, d’oubli pour ne pas dire plus, a forgé la conviction de nombreux Français qu’il fallait renverser la table et tenter une nouvelle aventure. Un ancien premier ministre appelle cela l’évènement. Il n’a pas tort.
L’événement serait le choix d’élire la représentante du Rassemblement National à l’Élysée. Les conséquences seraient immenses et annonceraient à n’en point douter des années sombres.

La défiance des investisseurs et de nos partenaires européens, à l’heure où la guerre tonne et où les tensions considérables sur le pouvoir d’achat menacent le fragile équilibre social, constitue un bien grand risque. Ce serait une aventure que notre pays ne peut se permettre.

À la veille du débat de l’entre-deux tours je ne choisirai pas l’aventure, je ne choisirai pas l’évènement. Je glisserai donc un bulletin Macron dans l’urne. Ce sera tout sauf le quitus de son action et encore moins un chèque en blanc.

Pas un quitus car sa responsabilité est pleinement engagée dans la permanence de ce tête-à-tête dangereux avec Madame Le Pen.

Des gilets jaunes (nés de l’entêtement sur les 80 km/h et de la taxe sur le diesel), de la réforme de l’APL (à l’origine de la crise du logement qui s’annonce), à la gestion tellement technocratique du Covid (les maires ayant comblé les failles béantes de l’État auprès de la population), du « quoiqu’il en coûte » (angle mort du débat national accumulant des nuages bien menaçants pour les générations à venir) jusqu’à la recentralisation jamais vue depuis 1982, la politique menée depuis 5 ans a souvent pris la forme de l’idéologie technocratique hors sol soutenue par une majorité de députés qui l’était tout autant.

Il ne s’agira donc pas d’un vote d’adhésion, ni à une politique ni à un funeste projet de parti unique qui conduira inexorablement un jour à l’aventure. Il nous faudra dès le lendemain de l’élection exercer cette vigilance nécessaire sur chaque mesure, chaque proposition et équilibrer le pouvoir exécutif avec un pouvoir législatif représentant pleinement la défense de nos territoires à Paris et tenter ainsi de corriger les excès observés tout au long de ce quinquennat.

Les libertés ont beaucoup reculé ces dernières années. Il en est une qui demeure, si précieuse, et qui permet de dire aux élections « je suis d’accord ou je ne suis pas d’accord ». Chacun s’exprimera en responsabilité et en conscience. Le choix des Français sera le bon car ce sera le leur. »