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Agriculture : le Salon s’achève, les défis continuent

Agriculture. Alors que le Salon de l’agriculture vient de fermer les portes de sa 59e édition à Paris, nous pouvons nous réjouir du retour en masse des visiteurs lors de cette grande fête populaire qui célèbre un fleuron de l’économie française.

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Agriculture
(Crédit : Freepik)

Une vitrine unique en Europe qui doit faire notre fierté nationale mais qui ne doit pas pour autant nous faire oublier les difficultés de nombreux professionnels du secteur.

Présidente du Grand Reims, communauté à la fois urbaine et rurale, dans la Marne, département dont les deux vecteurs historiques se nomment viticulture et agriculture, je mesure l’importance des défis, en particulier climatiques, qui se posent pour construire l’agriculture de demain. La viticulture française n’est malheureusement pas épargnée par les difficultés du moment.

La semaine dernière, Le Figaro déplorait d’ailleurs les vignobles français fragilisés par la surproduction, précisant que l’ensemble de la filière viticole s’attend à une nouvelle baisse de la consommation, à hauteur de 60%, dans la prochaine décennie.

Dès à présent, en France, faute de débouchés, 85 000 viticulteurs vont être contraints de distiller une partie de leurs volumes. Bien entendu, la situation n’est pas la même dans tous les vignobles et la Champagne peut se féliciter d’avoir passé en 2022 la barre record des six milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Un exploit accentué par une augmentation de 4,3% de ventes à l’export en un an, représentant 187,5 millions de flacons. Mais le vignoble de Champagne, comme tous les autres, vit sous la menace du dérèglement climatique et de la multiplication des épisodes météorologiques violents comme les orages, le gel tardif, la sécheresse ou les canicules.

C’est pour ces raisons que les vignerons et maisons de champagne ont décidé d’augmenter progressivement leur contribution au Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC) pour travailler sur la recherche de nouveaux cépages résistants au changement climatique et de poursuivre les efforts de diminution de l’empreinte carbone de la filière. Sur ce dernier volet, les élus locaux comme nationaux ont un véritable rôle à jouer.

C’est pour cette raison que la communauté urbaine du Grand Reims s’est engagée avec Moët & Chandon dans une convention de partenariat centrée sur la préservation de la biodiversité, la protection de la ressource en eau et le développement d’actions innovantes pour contribuer à l’atténuation du changement climatique et à l’adaptation du territoire.

Plus globalement, c’est cette logique qui a conduit le Grand Reims à adopter un Plan climat-air-énergie territorial (PCAET) ambitieux visant à d’importantes réductions des émissions de gaz à effet de serre et de consommation d’énergie sur le territoire.

Dans la droite ligne de l’objectif majeur inscrit dans notre Projet de territoire : devenir un territoire de référence en matière de neutralité carbone. Un objectif qui a aussi guidé notre participation au Projet Alimentaire Territorial du Triangle marnais pour favoriser une agriculture durable, les producteurs du territoire, les circuits courts et la consommation de produits locaux dans nos cantines.

C’est également pour soutenir les agriculteurs, notamment les producteurs locaux de betteraves, que le Grand Reims a récemment décidé de créer une ZAC dédiée à la bioéconomie sur le secteur des communes de Pomacle et Bazancourt, autour de l’actuelle bioraffinerie végétale.

Un site déjà connu et reconnu comme démonstrateur dédié aux biotechnologies et comme modèle en matière d’écologie industrielle. Un poumon économique de notre territoire, qui a besoin d’être agrandi et d’être aménagé pour s’imposer comme fer de lance européen de l’innovation bioéconomique. Toutefois, là encore, le changement climatique, auquel vient s’ajouter l’interdiction des néonicotinoïdes, impacte l’avenir de la filière sucre-betterave.

Encore une fois, notre rôle d’élu local consiste à accompagner au mieux les professionnels du territoire et le Grand Reims s’entretiendra prochainement à ce sujet avec les acteurs agricoles et le Préfet.

Pour terminer sur une note positive et de fierté territoriale, la Présidente du Grand Reims que je suis, ne saurait évoquer le Salon de l’agriculture 2023 sans féliciter les frères Marlette, éleveurs de la commune de Crugny, dont le taureau de race charolaise, baptisé Oural, a remporté le 3e prix du concours général agricole.

Une preuve supplémentaire de tout le savoir-faire et de la qualité des éleveurs et agriculteurs de notre territoire. L’agriculture et la viticulture françaises sont une chance et un bien commun précieux. Nous devons tout faire, à tous les niveaux, pour les préserver et les adapter aux enjeux à venir. C’est surtout ça qu’il faut retenir comme bilan du Salon de l’agriculture 2023.