Humeur

Une question de progrès

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Benjamin Busson.

Au-delà d’avoir bien pourri la vie de nos concitoyens - qui n’avaient certainement pas besoin de cela en ce moment - , la grève totale de chez Total a ravivé l’épineux et sensible débat sur le droit de grève. Ou plutôt sur son application et parfois, osons le dire, son dévoiement. Au sacro-saint droit de grève, osons opposer la liberté d’aller et venir de l’ensemble des citoyens, inscrite dans la Constitution. Peut-on accepter qu’elle puisse être entravée par une poignée de grévistes, fussent-ils salariés de Total ou d’une quelconque autre organisation ? Assurément non.

Liberté inaliénable de chaque salarié, le droit de grève inscrit dans la Constitution de 1946, peut-il être encore appliqué de la même manière en 2022, à l’aune des progrès sociaux accomplis depuis 76 ans ? Autoproclamés défenseurs de ces progrès sociaux, et pourtant en perte de vitesse constante ces dernières décennies, les syndicats tels qu’ils existent aujourd’hui représentent-ils la seule force de soutien des salariés ? Sont-ils réellement les représentants d’un dialogue constructif et apaisé avec le patronat, si tant est que celui-ci puisse être homogène ? Assurément non.

Quels que soient les revendications et les torts de part et d’autre du conflit tel que nous l’avons vécu avec Total, ceux-ci ne doivent pas pénaliser la majorité. Il est grand temps de poser avec courage sur la table la question de la représentativité et de la légalité des actions paralysantes de tout un pays par une infime minorité. C’est juste une question de progrès.