Humeur

Triste cirque

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Benjamin Busson
Benjamin Busson.

Si l’objectif est d’hystériser le débat et de rendre toute discussion difficile, voire impossible, on peut dire qu’il est atteint. Habitués aux coups d’éclats, de voix comme d’images, certains députés à l’extrême gauche de l’Hémicycle ont choisi d’importer le conflit entre Israël et le Hamas sur le sol français. Que les députés débattent et définissent d’une position que la France devrait adopter sur ce tragique conflit qui dure depuis octobre dernier, voilà qui est tout à l’honneur des parlementaires, dans la lignée de la tradition pacificatrice du pays. Que les députés de tous bords aient des avis tranchés et pourquoi pas diamétralement opposés, cela n’a rien d’illogique et on pourrait même estimer qu’il en va de la bonne santé du débat public d’un pays démocratique digne de ce nom.

Malheureusement, une nouvelle génération de parlementaires a choisi de transformer le Palais Bourbon en tribunes de stade de football, où l’invective et le brouhaha permanents ont remplacé le débat et les échanges. Les exemples se sont multipliés ces derniers mois, on se souvient du déplorable épisode des sifflets couvrant la voix de la Première ministre Elisabeth Borne, où le manque de respect républicain avait supplanté le désaccord politique. La semaine dernière, un député brandissant un drapeau palestinien suivi d’invectives lamentables dans la salle des quatre colonnes ont quant à eux renvoyé une triste image du paysage parlementaire hexagonal. Difficile de ne pas y voir une manœuvre politicienne désespérée à quelques jours d’un scrutin européen qui s’annonce difficile pour un groupe qui perd ses nerfs et cherche le chaos en étant distancé dans les enquêtes d’opinion. Cela n’excuse en rien celles et ceux qui attisent au sein de nos frontières le feu qui brûle chaque jour du côté d’Israël et de Gaza et qui risque bien de se retourner contre eux, si cela n’a pas déjà commencé.