Pour les agriculteurs, le report à mi-janvier de la signature du Mercosur peut ressembler à une victoire, tant l’affaire était mal engagée. Alors que l’agriculture française et européenne était utilisée comme monnaie d’échange dans l’accord commercial avec les pays du Mercosur, faisant la part belle à l’industrie, notamment allemande, le renoncement à la signature à la dernière minute a donné un sursis à l’agriculture pour négocier notamment sur les fameuses « clauses-miroir » et sur une concurrence jugée déloyale.
Sans épiloguer sur l’indispensable soutien italien et de sa présidente du Conseil jusqu’ici souvent décriée de ce côté des Alpes pour obtenir ce résultat, l’épisode UE-Mercosur de décembre 2025 met en lumière l’incapacité de la France à jouer de son influence sur le Continent et sur celle de l’Europe à exister dans les faits. Comment expliquer en effet, sinon par son incapacité à peser sur ses voisins plus modestes et plus récents dans l’UE, que la France ait dû attendre le dernier moment et des négociations (à quel prix ?) avec l’Italie pour repousser l’échéance connue de longue date et qui aurait dû être rejetée dès le début, sans attendre que les agriculteurs haussent le ton ?
Sur le papier, dans les textes, l’Europe est là, et bien là. Dans les faits, les fractures entre les pays n’ont jamais été aussi vives, chacun tirant la couverture à soi, et même le duo franco-allemand qui faisait sa force n’existe plus. Que ce soit sur la Russie, sur l’Ukraine, face à la Chine, aux Etats-Unis ou au Mercosur, rien ne semble aujourd’hui rassembler vraiment les Européens malgré les textes et les promesses. Alors qu’elle n’a jamais été aussi attaquée de toute part, la vieille Europe n’a jamais aussi bien porté son nom...