Humeur

Poker menteur

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Benjamin Busson
Benjamin Busson.

Après des semaines de grand bluff, les députés ont sonné le glas du gouvernement Barnier jeudi dernier. L’épilogue - temporaire - de la conséquence inéluctable de la dissolution surprise dégainée par Emmanuel Macron en juin dernier, coup de poker perdant et désastreux dans une partie qui n’en finit toujours pas, six mois plus tard. Après avoir éjecté le Président de la République de la table de jeu, cette fois ce sont les oppositions qui ont repris la main. Mais en sortant à son tour Michel Barnier, il ne s’agit toutefois que d’un mirage. Sans majorité claire, les deux groupes NFP et RN signent là un ersatz de victoire.

Après avoir longtemps fait croire à leur antagonisme, les deux ensembles parlementaires resteront aux yeux des Français comme deux groupes ayant assumé un combat commun : censurer un gouvernement coupable à leurs yeux d’avoir osé imaginer un budget assorti d’économies loin d’être drastiques et pourtant indispensables au pays. Une association adoubée par un François Hollande plus revanchard que jamais, qui, 7 ans après être sorti par la petite porte, rêve d’un retour autour de la table, voire même au coeur de la partie. Dans ce poker menteur où chacun a pu s’apercevoir que les ambitions personnelles et partisanes dépassent largement l’intérêt collectif, les derniers joueurs misent pourtant sur un atout plus qu’hasardeux, celui de la démission du Président pour abattre leur dernière carte.

Mais en faisant tapis avec le sourire jeudi dernier, les votants de la censure n’ont fait que révéler la faiblesse de leur jeu. À eux désormais de se partager des jetons sans valeur sous le regard désabusé des Français, de plus en plus lassés par une partie qui ne bluffe plus personne. Le monde économique déjà sous tension et les Français plus que jamais en recherche de sérénité, sauront se rappeler au bon souvenir des acteurs de cet épisode désolant.