Humeur

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Benjamin Busson
Benjamin Busson.

Crise politique majeure, déni de démocratie, échec parlementaire… le vote de la motion de rejet du projet de loi sur l’immigration donne lieu à diverses interprétations. Quand le gouvernement ose regretter l’absence de débat possible alors qu’il use et abuse de l’article 49.3, auquel il a déjà recouru 21 fois en 18 mois, l’opposition quant à elle saute sur cette occasion pour l’affaiblir en votant comme un seul homme sans sourciller. Plus qu’une crise démocratique, l’épisode de la loi immigration révèle aussi à quel point la Ve République a fait l’objet lors de sa constitution d’un véritable travail d’orfèvre. Car en prenant un peu de recul sur la situation donnée, elle permet bien au contraire de réévaluer un texte en profondeur.

En effet, après avoir été élaborée au Sénat, à majorité LR, le projet de Loi immigration a été vidé de son contenu le plus courageux, au grand dam des élus de droite ? Ceux-ci pourront donc le réécrire en Commission mixte paritaire et lui donner une seconde chance, plus ou moins sous sa forme initiale à l’Assemblée, au cours des prochains jours.

C’est là que le jeu parlementaire commence à devenir intéressant avec une majorité présidentielle qui, en plus d’être relative, est écartelée entre une aile gauche et une aile droite pas franchement en pleine harmonie sur les sujets régaliens, et encore moins sur celui de l’immigration. Le nouveau texte plus conforme à l’esprit voulu par le ministre de l’Intérieur, s’il était adopté avec les voix de la droite, pourrait donc bien élargir quelques fissures au sein de la majorité à commencer par le gouvernement lui-même. Ce qui sonnerait le glas du « En même temps » déjà fragilisé... en attendant un inévitable remaniement ?