En partie éclipsée par l’épilogue attendu du vaudeville politique estival du choix du Premier ministre, la mise en service de l’EPR de Flamanville est pourtant un sacré événement. Lancé en 2007, le chantier symbolisait alors la fierté nucléaire hexagonale et était annoncé comme le fleuron de la vitrine du savoir-faire tricolore à exporter dans le monde entier. Prévu pour une durée de cinq ans et un montant de quelque 3,3 milliards d’euros, le programme est loin, très loin, d’avoir rempli ses promesses, avec une mise en route effectuée avec 12 ans de retard et une facture global de l’ordre de 19 millions d’euros selon la Cour des Comptes. Résumé ainsi, le projet coche toutes les cases du fiasco, à tel point que le sujet de Flamanville, longtemps suivi par les médias ne fait plus la une de l’actualité depuis longtemps.
Pour la Cour des Comptes, dans un rapport établi début 2020, il s’agit même d’un "échec opérationnel" reposant notamment sur une sous-évaluation des difficultés ou une gouvernance défaillante. La Cour évoque ainsi les près de 4 500 modifications apportées depuis le début de la construction - certaines ayant été engendrées par la catastrophe de Fukushima - rendant plus complexe et coûteux le chantier.
Mais la Cour des Comptes soulève aussi un questionnement de la qualité de la filière industrielle française qui a sans doute été trop confiante dans son savoir-faire en matière industrielle dans ce dossier. Alors que l’EPR est censé être mis en route en fin d’année, il faut espérer que ces très coûteuses leçons ont été digérées tandis que la France s’apprête à construire 14 nouveaux EPR pour la bagatelle d’une centaine de milliards d’euros.