Humeur

Le grand cynisme

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Benjamin Busson
Benjamin Busson.

S’il est bien un point commun entre le monde des affaires et celui de la guerre, c’est que l’un comme l’autre ne laisse pas de place au romantisme. On voudrait pourtant y croire. Croire que lorsqu’un pays est attaqué par une puissance voisine, sans raison apparente, d’autres nations viendraient à son secours, pour la seule défense de la paix et de la justice, en quelque sorte. C’est d’ailleurs un peu la vision défendue par les Européens, qui ont accouru au secours de l’Ukraine et de ses habitants, par principe, sans aucun doute, mais aussi pour prévenir d’éventuelles attaques ultérieures envers d’autres pays européens. Une intervention intéressée également - et l’on ne saurait leur en tenir rigueur - afin de préserver leur propre intégrité territoriale.

Ce que l’on avait moins vu venir en revanche, c’est l’attitude particulièrement cynique de la nouvelle donne apparue outre-Atlantique depuis le début de l’année. Une politique internationale qui n’hésite pas à menacer certains territoires (Groenland, Panama...) et à monnayer ses interventions auprès du plus offrant. Une manière de se payer sur la bête, profitant de la position de faiblesse des uns pour faire monter les enchères auprès des autres et, au passage, en tirer un plus grand profit. Si l’Histoire a déjà prouvé que la politique internationale américaine était parfois motivée par des considérations plus économiques que justicières, la nouveauté réside dans l’exposition au grand jour de cette diplomatie-business totalement décomplexée et assumée. Grand bluff, volonté de reprendre la main dans le rapport de force mondial ou cynisme pur ? En tout cas la fin d’une époque pour la diplomatie mondiale et le début d’une nouvelle ère où tous les coups sont permis. Âmes sensibles, s’abstenir.