Humeur

La politique du chèque

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Benjamin Busson

Allocation de rentrée scolaire, prime d’activité, chèque énergie, prime à la conversion et maintenant le chèque inflation de 100 euros... C’est drôle comme les gouvernements ont tendance à faire des chèques pour tenter de répondre aux problèmes des Français. Ces dispositifs résolvent-ils pour autant les difficultés qui les ont enfantés ? Rien n’est moins sûr... Pire encore : de la même manière que l’Etat est accro aux taxes (à titre d’exemple, le tabac a rapporté 18 milliards à l’Etat en 2020) ne conditionnent-il pas les Français à des rendez-vous réguliers avec des remises de chèques, les habituant à ce système ?

Si elles ont pour principale vertu leur caractère immédiat, ces primes ne peuvent pas faire oublier d’un coup de baguette magique la question de fond : on a d’un côté, un des pays d’Europe qui taxe le plus ses habitants et de l’autre des gouvernements qui cherchent à redonner à quelques contribuables une partie de ce qui leur a été pris. Ubuesque. Et si jusqu’à présent les Français acceptaient cet état de fait, les mouvements sociaux de ces dernières années, dont celui des gilets jaunes, ont mis en évidence que les principaux contribuables habitués à payer sans trop rechigner ont le sentiment d’être les grands oubliés des primes. Aussi, en s’adressant aux salariés percevant moins de 2000 euros nets mensuels le chèque inflation suffira-t-il à changer la donne ? Ou les rendra-t-il accros avant la présidentielle, obligeant les candidats à agiter le carnet de chèque ?