Supprimer l’argent liquide pour lutter contre le trafic de drogue. À première vue, l’idée a de quoi faire sourire. De par la complexité de mettre en place une telle interdiction et aussi en raison de l’impossibilité actuelle d’imaginer la mise en oeuvre de cette idée auprès des Français encore très attachés à leurs pièces et billets. Dans un second temps, l’idée évoquée par le Garde des Sceaux peut être contrée par tout un lot de raisons pour lesquelles une telle éventualité n’est pas souhaitable. En matière de liberté individuelle, par exemple, sans avoir rien à cacher, on n’imagine pas les Français accepter demain que les services de l’Etat puissent contrôler à tout moment leurs dépenses et l’utilisation qu’ils voudront faire de leurs deniers.
Si la proposition se voulait uniquement provocatrice, l’effet est plutôt réussi. Interdire l’argent liquide dans le seul but d’imaginer éradiquer les points de deal, c’est comme un peu vouloir interdire la vente de médicaments au grand public pour éviter le dopage dans le sport : une illusion, voire une injustice. Car cela revient finalement à punir 99,9% de la population qui n’a rien demandé pour à peine 0,1% de délinquants souvent connus des autorités, identifiés et identifiables. Une solution radicale qui sonnerait comme un aveu de faiblesse face au véritable problème et qui n’est de toute façon pas prête de voir le jour. Quant à imaginer qu’elle suffirait à décourager les narcotrafiquants, c’est sans doute méconnaître leur capacité d’inventivité et d’adaptation aux nouvelles technologies notamment, avec l’utilisation des cryptomonnaies par exemple.