Humeur

Grosse fatigue

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Benjamin Busson
Benjamin Busson.

Avant moi l’impasse, après moi le déluge. En annonçant engager la confiance du gouvernement le 8 septembre prochain sans même attendre la rentrée et les premiers échanges avec les différents groupes parlementaires au sujet du budget, le Premier ministre a pris tout le monde de court. Un peu à l’image du Président qui avait fait « tapis » en juin 2024 au sortir d’un échec cuisant aux élections européennes – avec le succès que l’on sait –, la stratégie du chef du gouvernement trouble les acteurs économiques. Sur la Foire de Châlons, qu’il a inaugurée vendredi dernier, c’est l’incompréhension qui règne.

Dans un pays fracturé, qui tourne au ralenti et dont les gouvernements successifs ne tiennent qu’à un fil depuis trois ans déjà, peut-on se payer le luxe d’une énième crise ? Absolument pas. Il ne s’agit pas de se contenter de tirer la sonnette d’alarme, d’appeler au sursaut des forces vives voire de culpabiliser les Français de ne pas assez travailler. Dans notre système républicain, les citoyens confient, par leur vote, aux élus la responsabilité de mener à bien les actions et si besoin les réformes nécessaires à la bonne marche du pays. Charge à eux - qui ont d’ailleurs choisi cette voie politique de leur plein gré - de tout mettre en oeuvre pour y parvenir. Avec tout le respect qui leur est dû, mais sans états d’âmes.

Il semble hélas qu’une partie de la classe politique a tendance à oublier qu’il ne s’agit pas d’un jeu. Et que l’avenir d’un pays ne se joue pas sur un coup de poker.

Parce que pendant que certains font le pari des alliances et des chutes dans les bureaux parisiens, la défiance des citoyens envers eux ne faiblit pas. Pire, elle tend à progresser dans les milieux des décideurs, fatigués de les voir s’entredéchirer sur des questions d’egos botoxés et de visées présidentielles déplacées.