Humeur

Gare à la fronde

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Benjamin Busson
Benjamin Busson.

Sans doute déjà bien occupé à gérer les différents groupes parlementaires et à bichonner certains égos pour échapper à la censure, le gouvernement n’avait sans doute pas vu venir la fronde des patrons. à commencer par celle du Pdg de Michelin, interrogé par les Sénateurs, qui a notamment émis une critique cinglante à propos de la dépense publique (« si je gérais les dépenses de cette manière-là je serais remercié rapidement », a-t-il affirmé) avant de procéder à une démonstration éloquente sur le coût du travail en France et l’écart abyssal entre le salaire brut et le salaire net : « Pour 142 euros versés par une entreprise, le salarié n’en touche que 77,5 ».

Dans le même temps, le président du Medef alertait sur les envies d’ailleurs de certains patrons, tandis que Bernard Arnault, Pdg de LVMH faisait part de son inquiétude face à la nouvelle taxe sur les grandes entreprises imaginée par le gouvernement, qu’il accuse de « taxer le made in France ». Ceux qui ont voulu voir dans ces sorties médiatiques « un chantage à l’emploi » n’auront rien compris à la portée du message envoyé, qui relève davantage d’une alerte que d’une menace. D’autant plus quand le message des patrons rejoint celui des salariés, notamment au sujet de l’écart entre salaire brut et salaire net.

Il reste problématique qu’en 2025, un gouvernement puisse à la fois considérer que le salut de nos finances publiques passe encore et toujours par la taxe tout en reculant sur les quelques rares mesures qu’il avait envisagées pour réaliser des économies en matière de dépense publique. Parce que l’avenir de notre économie, dans une mondialisation féroce, passe aujourd’hui plus que jamais par la compétitivité, et que celle-ci ne sera obtenue qu’avec la participation des patrons et des salariés, il sera sage, voire responsable de savoir écouter pour une fois les messages envoyés des deux côtés.