Humeur

Gare à l’ivresse du succès

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Benjamin Busson
Benjamin Busson.

Les grèves et les manifestations du 19 janvier contre la réforme des retraites ont été un véritable succès. Qu’ils proviennent des organisations syndicales ou des autorités, et malgré les sempiternels écarts qui subsistent entre les deux camps (de 1,2 à 2 millions selon les sources), les chiffres sont éloquents et attestent de la réelle opposition au projet gouvernemental. Chiffres auxquels d’ailleurs il convient d’ajouter celles et ceux dont la fonction ou la condition salariale ne permet pas de perdre une journée de travail.

Deux éléments sont alors à retenir : le premier s’adresse bien évidemment au gouvernement qui doit admettre que le rejet de sa réforme dépasse largement le cadre syndical et les professions qui ont une tradition de grève et de manifestations. Et en tirer les conséquences. Le second s’adresse aux organisations syndicales qui pourraient être tentées de se laisser griser par une telle mobilisation pour peser à nouveau dans le paysage social.

Car le succès du 19 janvier n’est pas tant une adhésion subite des salariés à leurs organisations toujours plus faiblement représentatives de ces derniers (à peine 10%). En d’autres termes, être contre la réforme des retraites et le faire savoir n’est pas synonyme de blanc-seing de la part des salariés à l’endroit des syndicats. Gare donc à la tentation de vouloir « faire durer le plaisir » de la grève dont chaque jour représente un coût de l’ordre de 400 millions d’euros pour l’économie française. Une facture exorbitante que le pays n’a pas le luxe de se permettre en ce début 2023 et à rappeler aux deux parties du conflit pour les inviter à faire un pas l’une vers l’autre.