
Voilà une nouvelle qui crispe les défenseurs du made in France et plus globalement de la mode éco-responsable. L’enseigne numérique de fast-fashion, Shein, annonce son implantation physique dans six grands magasins en France, et pas n’importe lesquels : le BHV à Paris et cinq Galeries Lafayette en région, dont celui de Reims. Le choix a de quoi surprendre… et choquer. Les Galeries, symbole du chic à la française, vendant des marques prestigieuses (et coûteuses) vont donc accueillir dans leurs rutilants rayons, le symbole de l’éphémère et du bas-de-gamme.
Cette stratégie pose plusieurs questions, à l’heure où le retail est en grande souffrance. Après André, Camaïeu, Kookaï, c’est aujourd’hui IKKS qui vient d’être placé en redressement judiciaire, marque iconique des Galeries Lafayette justement. Mais quelle mouche a donc piqué SGM (la Société des Grands Magasins qui exploite la marque des Galeries Lafayette) pour nouer un tel partenariat ? L’explication est à chercher du côté de la désertification de ses magasins et des centres-villes où les Galeries avaient jadis pignon sur rue. Alors qu’en 2024, près de 26 de ses enseignes ont failli mettre la clé sous la porte, les magasins ont du mal à remonter la pente. À Reims par exemple, plusieurs corners ont fermé depuis janvier 2025. Selon une étude menée par la Banque des Territoires, à l’échelle de la France, la fréquentation des magasins en centre-ville ne cesse de baisser avec un taux de vacance qui continue d’augmenter.
Le géant chinois compte, lui, s’offrir une crédibilité et une petite part de « luxe à la française ». « En choisissant la France comme lieu d’expérimentation pour le commerce physique, nous envoyons un geste fort », assure pour sa part Donald Tang, président exécutif de Shein qui sait bien que le pays est… le premier marché de la plateforme en Europe. CQFD.