Humeur

Entre déception et fatalisme

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Benjamin Busson
Benjamin Busson.

Si on avait voulu remettre les agriculteurs dans la rue, on ne s’y serait pas pris autrement. Trois ans après la promesse présidentielle d’une nouvelle orientation et 18 mois après les vives tensions qui ont émaillé le secteur agricole et secoué le pays, la tant attendue Loi d’Orientation Agricole devait apaiser la colère des agriculteurs français. En censurant intégralement ou partiellement un tiers des articles du texte, le Conseil constitutionnel a envoyé un message clair : la simplification n’est pas pour maintenant. Si la notion « d’intérêt général majeur » de l’agriculture n’est pas retoquée, le principe de « non régression de la souveraineté alimentaire » destiné à rééquilibrer environnement et projets agricoles a été censuré. Plus crispant encore pour les agriculteurs, la « bonne foi » présumée des agriculteurs lors des contrôles associée au caractère « non intentionnel » de certaines atteintes à l’environnement, mais aussi la disposition relative à la limitation de la surtransposition, ont disparu du texte.

Des éléments pourtant au coeur des revendications des agriculteurs, exaspérés mais partagés entre déception et fatalisme - comme de nombreux industriels et chefs d’entreprises en général - par la spécificité de l’administration française de vouloir aller toujours plus loin, sans tenir compte des réalités économiques et humaines du terrain. Malgré les promesses de « simplification » évoquées depuis des années par les gouvernements successifs mais qui s’évaporent dès lors qu’ils franchissent le perron des ministères, il est à craindre de nouvelles désillusions pour le monde agricole. Et peut-être quelques nuits blanches en perspectives pour le locataire du ministère de la rue de Varenne.