
Le jeu de mots est facile. Il n’empêche : la loi Duplomb est devenue le feuilleton parlementaire polémique de l’été, et les députés comme le gouvernement s’en seraient bien passés. Car d’un texte devant faciliter les pratiques des agriculteurs – notamment des betteraviers toujours dans l’impasse pour faire face aux maladies sans avoir recours aux néonicotinoïdes – est née une mobilisation populaire inattendue. En à peine quinze jours, la pétition lancée par une étudiante approche les 2 millions de signatures. Un record. Et si « les pros » et « les antis » s’affrontent farouchement, de plus en plus de voix s’élèvent en sa défaveur notamment – et étonnamment – venue du secteur de la restauration pourtant historiquement proche du monde agricole. Ainsi, pas moins de 400 restaurateurs, dont plusieurs grands chefs, ont signé une tribune contre la loi Duplomb. Car scientifiquement, des rapports d’évaluation de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire pointent la forte toxicité de cet insecticide présent dans les néonicotinoïdes interdit en France depuis 2020 – mais toujours autorisé au niveau européen jusqu’en 2033… Cherchez l’erreur.
Dans le même temps, une filière entière aux abois, qui n’a pas encore d’alternative assez solide pour enrayer la destruction de production lors de contamination par la jaunisse. C’est donc un double enjeu auquel est confronté le gouvernement : celui de la santé publique comme celui de la souveraineté alimentaire. Pourtant, s’il se dit ouvert à « un débat » à la rentrée, il réfute l’idée de voter une nouvelle loi. Une échéance qui coïncide avec la rentrée agricole et politique de la Foire de Châlons, sur laquelle pourrait bien être tranchée cette question, dans un département où les exploitations agricoles occupent 68% de la surface et qui se classe premier producteur national de blé... et de betteraves.