Et si le véritable scandale de la réforme des retraites était l’indifférence générale des politiques mais aussi de des partenaires sociaux à l’égard des salariés du privé ? Alors que tout le monde se focalise sur l’âge de départ et le nombre d‘années de cotisations, et feint de s’en indigner, un élément pourtant majeur n’a pas été abordé de front dans les débats et n’apparaît donc pas dans le projet : l’injustice pourtant flagrante qui persiste entre les salariés du public et ceux du privé.
S’il est demandé aux salariés du public de repousser, eux aussi leur âge de départ il n’en reste pas moins que la moyenne de celui-ci restera largement inférieur (de plusieurs années) à celle du privé.
Quant au calcul des montants, il reste lui aussi amplement inéquitable, en dépit de ce qu’a pu avancer comme argument la Première ministre, défendant une réforme « juste ». Comment défendre sérieusement une justice quand certains salariés voient leur retraite calculée sur leurs 25 meilleures années quand d’autres sont indexés sur leurs six derniers mois ?
Une inéquité lâchement ignorée à gauche comme à droite et par les partenaires sociaux bien trop effrayés à l’idée de se mettre à dos les agents du public. A défaut peut-être de véritable sursaut dans la rue le 19 janvier prochain, la majorité silencieuse des salariés du privé, des TPE et des PME, risque bien de passer par les urnes pour utiliser son seul moyen de protestation, à savoir son bulletin de vote, pour manifester son sentiment d’abandon et d’indifférence... Les prochaines élections vont être douloureuses et ça ne sera pas faute d’avoir prévenu.