Humeur

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Benjamin Busson
Benjamin Busson.

« Bac+12, pas pour finir à Mulhouse ». C’est ce qu’indiquait une pancarte brandie par un étudiant en médecine lors des récentes manifestations contre l’installation des médecins dans les déserts médicaux. Un slogan honteux qui n’a pas manqué de faire réagir le président de la Région Grand Est Franck Leroy, rapidement monté au créneau à raison pour défendre la ville du Haut-Rhin.

En effet, alors que la France fait face à une crise de son système de santé et que de nombreux territoires doivent lutter parfois au prix d’une concurrence féroce pour attirer des médecins, voici que les étudiants parisiens, ou disons plutôt citadins pour ne pas généraliser une fois de plus, expriment ouvertement leur condescendance vis-à-vis des villes moyennes de Province. Ainsi donc, un patient de Mulhouse, Beauvais, Niort ou Poitiers, aurait moins d’importance qu’un malade d’une grande Métropole ou d’une ville de la Côte d’Azur ?

12 années d’études doivent-elles exempter celui qui les effectue de ses droits et devoir liés non seulement au serment d’Hippocrate mais aussi, rappelons-le, au fait qu’en France leurs frais d’études universitaires sont pris en charge par l’Etat ? Et donc qu’à ce titre, au même rang que de nombreuses professions, celle de médecin puisse être un tant soit peu régulée ? Il n’y a pas de scandale à l’imaginer.

Il y a, avouons-le, de quoi s’interroger sur les motivations réelles et la considération pour les patients d’un futur médecin capable de brandir un tel slogan. Tout comme celles de l’Ordre des médecins qui craint quant à lui l’arrivée d’une surpopulation de médecins sur le marché. Une position qui laisse sans voix quand on sait les difficultés que rencontrent tous les secteurs de santé, publics comme privés, généralistes comme spécialistes, pour répondre à la demande des citoyens, accessoirement financeurs de la Sécurité sociale.