Une seule République, deux mondes qui s’opposent. Tandis que débutent pour les élus locaux les premiers mouvements en préambule aux échéances municipales de mars 2026, les parlementaires s’attaquent quant à eux au Budget de la Sécurité Sociale. D’un côté des problématiques très terre-à-terre, au plus proche des citoyens. De l’autre côté, des enjeux partisans et des petits chefs qui jonglent avec les milliards avec une facilité déconcertante pour flatter un électorat toujours plus versatile.
Quand les premiers doivent, lors de chaque exercice, faire rentrer des carrés dans des ronds pour présenter des budgets à l’équilibre, les seconds n’en ont cure. Depuis plus d’un demi-siècle, ce sont les promesses court-termistes qui pilotent leur politique, avec pour horizon tantôt une dissolution, tantôt une motion de censure, avec si possible, l’opportunité de décrocher un trophée de guerre, que ce soit sous la forme du scalp d’un Premier ministre, d’un report de texte voire le Graal de l’abrogation d’une réforme controversée, comme celle des retraites par exemple… Un sentiment d’impunité renforcé par leur rupture avec les territoires depuis l’adoption de la loi sur le non-cumul des mandats (2014).
Cette mise en péril permanente des finances du pays, dans une économie mondialisée où tous les autres pays avancent quand nous reculons, est aussi une profonde injustice pour les dizaines de milliers d’élus locaux. Car au moment de désigner les responsables des fiascos budgétaires, la tentation risque d’être grande pour certains ignorants de désigner du doigt ces élus « à portée de baffes », qui devront quoi qu’il advienne, continuer à faire tourner le pays.