Humeur

Crash test

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Benjamin Busson
Benjamin Busson.

Devinette estivale : dans quel secteur d’activité le prix d’achat moyen des produits a-t-il augmenté de 24% entre 2019 et 2024 ? Oui, vous avez bien lu, +24% en cinq ans, de quoi faire frémir n’importe quel consommateur sain d’esprit. Réponse : il s’agit du secteur automobile, selon l’étude du Think tank indépendant « Mobilités en transition ». À titre d’exemple, un véhicule à 28 000 euros en catalogue avant la crise du Covid est aujourd’hui facturé à près de 35 000 euros. Comment alors justifier ce bond de près de 1 500 euros par an ? Si les constructeurs avancent la question des normes européennes, des coûts de l’énergie et des matières premières, l’étude révèle que la moitié de cette augmentation est principalement due à la volonté des marques de monter en gamme et donc de faire grimper les marges. Un pari sans doute payant auprès des actionnaires mais qui commence à trouver ses limites du côté des consommateurs, sans doute moins joueurs avec leur pouvoir d’achat. Il faut dire que lui n’a pas augmenté de +24%, loin de là ! Surtout, l’étude souligne une exclusion progressive des classes "populaires" et des classes moyennes inférieures du marché de l’automobile. Ces Français représentaient 43% des acheteurs de voitures neuves en 2019, ils n’étaient plus que 31% des acheteurs cinq ans plus tard. Un signal inquiétant dans une société où la voiture reste, quoi qu’en disent les adeptes de l’écologie punitive, le symbole d’une mobilité libre et souvent indispensable en ruralité. Résultat de la baisse du neuf, on constate un vieillissement grandissant du parc automobile (12 ans, un record) qui s’avère contre-productif tant écologiquement qu’économiquement pour la filière automobile. En mai 2025 les ventes aux particuliers ont chuté de 17%... le crash test grandeur nature va-t-il durer encore longtemps ?