L’Assemblée nationale a adopté, le 27 novembre, en première lecture, une proposition de loi visant à nationaliser les activités françaises d’ArcelorMittal, une revendication de longue date de la gauche. Le texte, porté par Aurélie Trouvé (LFI), est présenté comme une solution pour sauver la filière acier en France et son géant avec ses 15 000 emplois directs. La gauche et les syndicats ont salué un vote « historique ». Le gouvernement, lui, s’y oppose fermement : pour Roland Lescure, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, la nationalisation est une réponse populiste à un problème structurel », que l’Exécutif compte bloquer lors de la suite du processus législatif, en particulier au Sénat.
L’objectif de cette proposition vise à contrer le plan social annoncé en avril et à relancer la décarbonation des hauts-fourneaux, tout en redonnant une souveraineté industrielle à la France. Or, pour le gouvernement, c’est au niveau européen que la situation se joue, la crise de l’acier sur le continent étant intimement liée à la revente de la surproduction chinoise à prix cassé. Suivant peut-être l’exemple de Trump aux États-Unis - qui a décidé de fixer des droits de douane à hauteur de 50% sur l’acier provenant d’Europe - la France a obtenu un plan d’urgence européen : au-delà d’un certain volume d’importations, des droits de douane de 50% seront appliqués pour freiner la concurrence chinoise. Une mesure que Paris souhaite rendre effective dès 2026. Cette différence d’approche politique vient cependant nous rappeler le consensus d’avoir la maîtrise sur ce secteur industriel clé, son outil de production ainsi que ses savoir-faire. Une maîtrise et une urgence liées aux enjeux énergétiques de demain, sur lesquels l’Asie ne laissera pas la main.