Humeur

Boycott sur mesure

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Benjamin Busson.

La décision d’une dizaine de grandes villes de France de refuser d’installer des écrans géants à l’occasion de la Coupe du Monde de football laisse songeur. Pour les maires de toutes ces villes, il s’agit le plus souvent de boycotter la compétition en raison de son organisation par le Qatar, et en dénoncer par la même occasion le coût écologique et humain de celle-ci. Sur le principe de dénoncer les morts sur les chantiers et la climatisation dans les stades, l’évidence est de mise et il existe sans doute peu de personnes sur la planète pour contester l’aberration écologique de cette candidature et le bilan humain (6500 morts sur les chantiers) notamment.

Reste que s’en offusquer à moins de deux mois du coup d’envoi et, cerise sur le gâteau, supprimer des écrans géants en guise de protestation relève davantage du symbole hautement inoffensif que de la véritable lutte politique. Pour ne prendre que l’exemple de Paris dont le club de football appartient lui-même au Qatar, sans que cela n’empêche les élus parisiens d’aller et venir dans les loges les soirs de match.

Soyons sérieux une minute : certaines de ces villes ont sans doute sauté sur l’occasion - à raison d’ailleurs - pour faire un paquet d’économies (installation des écrans, sécurité, nettoyage) dans une période où elles-mêmes prônent la sobriété. D’autant que les dates de la Coupe du Monde (20 novembre – 18 décembre) vont surtout donner envie aux Français de regarder les matches au chaud (à 19 degrés bien sûr) chez eux !