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Un été en France : L’Ardèche à toute vapeur

Patrimoine. À l’arrêt depuis décembre 2022, l’authentique locomotive Mallet 403 mise en service pour la première fois en 1903 a officiellement repris du service mardi 1er juillet sur la ligne du Chemin de fer du Vivarais. Les touristes peuvent donc à nouveau vivre l’expérience unique d’un voyage à vapeur à travers les paysages spectaculaires des Gorges du Doux, à bord d’un train tracté par une machine classée monument historique.

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Photo du Vélorail
113.000 soit le nombre de visiteurs qui en 2024, ont fait une croisière ferroviaire avec le Train de l’Ardèche à travers les Gorges du Doux, entre St jean-de-Muzols et Lamastre. Sur la même période, 52.000 personnes ont affûté leurs mollets à bord du vélorail. (Crédits : DR)

Mardi 1er juillet. 12h00 tout pile. Comme prévu. Comme vendu. Après de très longs mois d’attente et une restauration minutieuse de la plupart de ses organes vitaux à commencer par sa chaudière tubulaire sortie tout droit de l’imagination d’un certain Marc Seguin à la fin des années 1820, la locomotive Mallet 403 entre sous un soleil écrasant en gare de Lamastre dans un petit panache de fumée. Mise en service pour la première fois en 1903, la vénérable grand-mère n’a pas fait ce voyage seule puisqu’elle a parcouru en un peu plus d’une heure et demi les 28 kilomètres qui séparent la gare d’arrivée de son point de départ (Saint-Jean-de-Muzols) avec cinq wagons attelés à ses basques dont un dédié uniquement au transport des vélos, ce qui représente tout de même un ensemble de près de 200 tonnes.

Perpétuer le train de l’histoire

Sans doute ne le savaient-ils pas au moment d’embarquer mais les déjà très nombreux touristes qui ont décidé ce jour-là de découvrir les Gorges du Doux à bord du petit Train de l’Ardèche viennent de vivre un moment historique. Totalement muette depuis décembre 2022, la Mallet 403 vient en effet de retrouver de la voix et par la même occasion, de renouer avec sa vocation originelle : assurer une desserte du plateau ardéchois depuis la vallée du Rhône. « La locomotive Mallet 403 incarne plus qu’un patrimoine technique. Elle est le témoin d’un siècle d’histoire ferroviaire ardéchoise. Sa remise en route moyennant un investissement de 287.000 € illustre l’engagement de la société Train de l’Ardèche en faveur de la préservation et de la transmission de ce riche héritage », a rappelé Kléber Rossillon qui exploite le site et donc le matériel roulant depuis 2013.

Photo de Gare Lamastre
(Crédits : DR)
Photo du Mastrou
(Crédits : DR)

Tout commence en réalité en 1886 quand est signée la déclaration d’utilité publique autorisant la création d’une ligne ferroviaire entre Tournon et Lamastre. L’exploitation en sera confiée à la société Compagnie des chemins de fer départementaux, créée, elle, en 1881. Cinq ans de travaux mobilisant près de 1.000 ouvriers seront nécessaires pour poser les 28 premiers kilomètres de voies à flanc de montagne mais aussi pour construire neuf kilomètres linéaires de murs de soutènement, huit viaducs et un tunnel, le tout bien sûr à la seule force des bras. Inaugurée en 1891, la ligne qui connaît un franc succès - notamment parce qu’elle est utilisée pour transporter du public mais aussi des marchandises comme du bois ou bien encore du bétail- sera prolongée quelques années plus tard jusqu’au Puy-en-Velais (Préfecture du département voisin de la Haute-Loire) et desservira au passage les villes du Cheylard, de Saint-Agrève et d’Yssingeaux, ce qui représente 200 kilomètres.

Le trafic de passagers et le volume de fret ne cessant d’augmenter et les distances de se rallonger, l’utilisation de nouvelles motrices , à la fois plus puissantes (400CV) et plus maniables car articulées, s’impose. C’est dans ces conditions que vont être déployées une quinzaine de locomotives Mallet telles que la 403 (l’une des toutes dernières encore en vie), spécialement construites en Suisse pour le Chemin de fer du Vivarais. Le développement du réseau routier va progressivement sonner le glas de l’activité ferroviaire en Vivarais à la fin des années soixante telle qu’on la connaissait jusqu’alors. Sous l’égide d’une association, l’exploitation de la ligne et du matériel va progressivement reprendre jusqu’en 2008 avant d’être confiée à un acteur privé, qui, accompagné de ses 25 collaborateurs, gère depuis l’activité avec un certain... entrain.

Informations complémentaires et achat des billets sur les sites : trainardeche.fr ou velorailardeche.com

Par Frédéric Rolland. Écho Drôme-Ardèche, pour RésoHebdoÉco, association regroupant 27 titres de presse hebdomadaire économique régionaux en France. reso-hebdo-eco.com