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La Route du Vitrail fait la lumière sur l’art verrier

Patrimoine. La Route du Vitrail est un circuit dans le département de l’Aube, destiné à la découverte des chefs-d’œuvre de l’art vitré aubois. Au total, pas moins de 65 édifices peuvent être visités.

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Grâce à la Route du Vitrail, pas moins de 65 édifices civils ou religieux peuvent être explorés dès ce mois de juillet, notamment via une web application, doublée d’une carte papier. Une belle occasion de prendre la clé des champs - ou de rester en ville d’ailleurs – pour aller admirer l’art du vitrail ancien, contemporain, figuré ou abstrait. En attendant l’ouverture prochaine à Troyes de la Cité du Vitrail, programmée au printemps 2022, cette initiative est lancée par le Département de l’Aube.

La Route du Vitrail propose en somme de partir à la découverte d’une collection de vitraux disséminée aux quatre coins du territoire, au cœur même des édifices remarquables pour lesquels ils ont été conçus. Les amateurs d’itinéraires culturels, mais également les familles en quête d’activités, pourront compter sur une Web application. Ce compagnon de route leur permettra de préparer, d’explorer, de partager et de prolonger leur visite.

Un lieu d’exposition et un espace pédagogique

L’ensemble des verrières de chaque édifice y est présenté grâce à des textes, photos et vidéos. Y sont rassemblées également de précieuses informations sur les maîtres verriers, les ateliers et les artistes concernés, ainsi qu’une description historique et architecturale du lieu. Parmi la vingtaine d’incontournables proposés par la Web application, figurent notamment l’église Sainte-Madeleine de Troyes ou l’église Saint-Pierre-ès-Liens d’Ervy-le-Châtel.

Plus ancienne église de Troyes, Sainte-Madeleine est mondialement connue pour ses œuvres sculptées du 16e siècle – un des rares jubés en pierre conservés et la statue de sainte-Marthe - mais également pour ses vitraux dont celui évoquant la Création du monde. Quant à l’église d’Ervy-le-Châtel, elle vient de rouvrir, après des décennies de fermeture. La diversité de l’art du vitrail, dont ce circuit culturel et touristique offre un bel aperçu, le public pourra la retrouver en 2022 à la Cité du vitrail – à la fois lieu d’exposition, espace pédagogique et centre de ressources et d’études.

Les vitraux de l’église Sainte-Agnès de Fontaine-les-Grès

À Fontaine-les-Grès, l’ensemble de vitraux ornant l’église Sainte-Agnès a été conçu et posé au moment de la construction. Les cartons ont été réalisés en 1955 par Jean-Claude Vignes, artiste né à Reims en 1924. Les verrières sont installées en bandeau continu sur les trois côtés du triangle formé par l’édifice. Pour réaliser un décor vitré rapidement, à moindre coût et dans ce cadre architectural singulier, Michel Marot a opté pour l’emploi d’un matériau industriel, le verre ondulé armé, produit par Saint-Gobain, et utilisé ici pour la première fois dans un contexte religieux. D’un point de vue esthétique, l’objectif recherché par Michel Marot était de retrouver l’atmosphère créée par les verrières champenoises du 16e siècle, peintes en grisaille et au jaune d’argent. Les panneaux ont donc été réalisés dans différents tons de jaune, gris et blanc. Les personnages et attributs apparaissent sous la forme de traits stylisés.

Les verrières de l’église Saint-Pierre-ès-Liens à Ervy-le-Châtel

À Ervy-le-Châtel, les verrières de l’église Saint-Pierre-ès-Liens – dont l’aspect remarquable est souligné dès 1837 – datent essentiellement du 16e siècle. L’iconographie unique et très fouillée que présente l’église montre et c’est un fait rare à cette époque – une connaissance des texte religieux et profanes très aboutie de la part des commanditaires ou de leurs conseillers. Certains thèmes iconographiques traités sont particulièrement originaux, comme cette verrière de 1502, unique en France, inspirée des Triomphes du poète italien Pétrarque (1304-1374). La lancette de droite, accueille une belle composition florale de 2020, œuvre du peintre verrier Flavie Serrière Vincent-Petit. Le style un peu sec, la brillance des coloris et le langage graphique légèrement archaïque sont proches du travail de François Le Barbier, peintre enlumineur parisien, connu des imprimeurs troyens, et qui aurait pu donner le modèle pour ce vitrail.

La basilique Saint-Urbain à Troyes

Dans la basilique Saint-Urbain, à Troyes, les verrières des fenêtres hautes du chœur, datées de 1270, mettent en scène des prophètes et des patriarches sous des dais d’architecture - leurs gestes sont expressifs et ils semblent communiquer entre eux avec une certaine véhémence. Leur style, avec leurs plis « à bec » amples, évoque celui des verrières des travées droites du chœur de la cathédrale posées une trentaine d’années plus tôt et, au-delà, celui de l’atelier de « Saint Chéron » de la cathédrale de Chartres. Les bordures contiennent les armes des comtes de Champagne et de Navarre. Au tympan, des scènes du Nouveau Testament ou de la vie de saints.

L’église Saint-Laurent de Nogent-sur-Seine

Les vitraux du chœur de l’église Saint-Laurent de Nogent-sur-Seine ont été réalisés dans le cadre des travaux de restauration de l’église débuté en décembre 2015. Ils sont le résultat de la collaboration entre un maître verrier aubois, Flavie Vincent-Petit, et une artiste peintre de renommée internationale, Fabienne Verdier. Les nouveaux vitraux ont été conçus pour éclairer le chœur, redonner davantage d’importance à cette partie centrale de l’église, et accompagner le dégagement des décors peints anciens découverts sous le décor 19e assez sombre. Malgré un dessin non-figuratif, le projet renvoie à plusieurs interprétations en référence au lieu et au territoire : les vitraux tout en hauteur évoquent la notion d’élévation spirituelle ; son trait qui explore toutes les dimensions représente le souffle divin. le jaune et ses variations ocre symbolisent le feu du grill de saint Laurent ; la sinuosité du trait rappelle la Seine et ses méandres.

L’église Saint-Martin de Romilly-sur-Seine

L’église Saint-Martin de Romilly-sur-Seine, construite en 1903 pour remplacer une église du 16e siècle tombant en ruine, a été édifiée dans le style gothique du début du 13e siècle. Le décor vitré est hérité de l’ancienne église, se composant de verrières du 19e siècle et d’un ensemble de verrières réalisé vers 1885. Cet ensemble a récemment été remplacé par quatorze baies - réalisées par le maître-verrier Joël Mône et l’atelier le Vitrail Saint-Georges, de Lyon - ayant pour thème « l’eau et la lumière : principe de vie ». Ses couleurs sont inspirées de l’arc-en-ciel, les couleurs chaudes étant au sud et les couleurs froides au nord.

L’église Saint-Rémy d’Aulnay

Les vitraux du 16e siècle, de l’église Saint-Rémy d’Aulnay, classés au titre des monuments historiques, avaient été déposés il y a plus de cinquante ans. Ils ont été restaurés et reposés en 2018, lors d’un chantier d’envergure de restitution du chœur de l’église - démoli suite à l’effondrement de la tour clocher - avec une construction contemporaine en bois. Les vitraux ont été confiés à la Manufacture Vincent-Petit de Troyes qui, après leur avoir redonné leur éclat, les a intégrés au chœur contemporain, à hauteur d’homme pour en apprécier davantage la beauté.