Présidentielles : qui les élus locaux soutiennent-ils ?
Élections. Les élus de la Marne, des Ardennes et de l’Aube soutiennent dans leur grande majorité des candidats de la droite et du centre.
Dans une campagne amorphe, où les meetings ont été rares, sans grande ferveur populaire ni militante dans les territoires, revue d’effectifs non exhaustive des soutiens dans la Marne, l’Aube et les Ardennes. C’est du côté d’Emmanuel Macron que les prises les plus remarquées ont été faites à l’occasion de cette campagne dans la Marne. Si le maire de Reims, Arnaud Robinet et celui d’Épernay Franck Leroy, avaient déjà fait part à plusieurs reprises d’une certaine « Macron-compatibilité », leur ralliement au président-candidat a pu étonner les électeurs qui se souviennent qu’en juin 2021, ils ont été élus aux Régionales sur la liste de Jean Rottner (LR) face à celle emmenée par la candidate En Marche, Brigitte Klinkert.
Scrutin différent, candidats eux aussi différents, enjeux nouveaux
La véritable grande surprise de ces nouveaux soutiens, c’est celle de Catherine Vautrin, présidente du Grand Reims et figure historique de la droite locale. La voir rallier le candidat Macron aux côtés des députés marnais Eric Girardin, Aina Kuric et Lise Magnier, ainsi que du sénateur Yves Détraigne, a aussi provoqué l’étonnement au sein de sa propre famille politique.
S’il n’est pas encarté chez les Républicains, le président du Conseil départemental Christian Bruyen reste fidèle à sa famille politique. Ce fervent soutien de Xavier Bertrand a choisi de se mettre dans le sillage de Valérie Pécresse malgré la défaite de son favori lors de la primaire de la droite et du centre. Il ne cache d’ailleurs pas son hostilité envers la politique menée par le président sortant, notamment vis-à-vis des collectivités locales, dont les conseils départementaux, qu’il estime délaissés par l’Etat, tout comme les nombreux « territoires oubliés ». Derrière Valérie Pécresse, figurent aussi les députés marnais Valérie Beauvais (LR) et Charles de Courson (UDI), les sénateurs Françoise Férat (UDI) et René-Paul Savary (LR). Temps fort de la campagne marnaise pour ces soutiens, une réunion publique organisée le 16 mars à Châlons-en-Champagne autour de Xavier Bertrand, président de la région des Hauts de France, candidat malheureux à la primaire mais désormais rallié à la candidate de la droite et du centre.
Droite et centre divisés dans la Marne
Divisés pour la présidentielle, la droite et le centre marnais s’apprêtent aussi à se déchirer pour les législatives, à peine deux mois plus tard. Entre candidats sortants, ceux qui auront recueilli les investitures et les francs-tireurs, le scrutin des 12 et 19 juin prochains s’annonce tendu dans la Marne. À gauche, le conseiller régional rémois Eric Quénard s’est engagé dès le début dans la campagne aux côtés d’Anne Hidalgo, tout comme le conseiller départemental Rudy Namur, qui lui a apporté son parrainage. Si cette dernière ne décolle pas dans les intentions de vote, l’élu rémois ne ménage pas ses efforts pour défendre sa candidate.
En terre de droite marnaise, on n’enregistre pas de tête d’affiche locale ralliée à Jean-Luc Mélenchon, qui n’a récolté que quatre parrainage dans le département. Du côté des autres conseillers régionaux, l’écologiste châlonnaise Ludivine Pérard soutient assez logiquement le candidat EELV Yannick Jadot, tandis que les conseillers régionaux Pascal Erre, Baptiste Philippo et Anne-Sophie Frigout soutiennent sans surprise Marine Le Pen, qui a lancé sa campagne à Reims le samedi 5 février.
Valérie Pécresse bénéficie de nombreux soutiens dans les Ardennes
Dans les Ardennes, les élus carolos ont pour beaucoup misé sur le même candidat et soutiennent, avec plus ou moins de ferveur, la candidate des Républicains, Valérie Pécresse. Ainsi, Boris Ravignon, le maire de Charleville-Mézières, avait annoncé au mois de décembre, après s’être engagé durant la primaire du parti auprès de Xavier Bertrand, apporter son soutien à celle qui était arrivée en tête.
Depuis, il a intégré le comité de soutien de Valérie Pécresse, co-présidé par quatre parlementaires, les sénateurs Marc Laménie et Else Joseph et les députés Bérengère Poletti et Pierre Cordier. Ils ont ensemble accueilli la candidate LR sur leurs terres ardennaises, le 4 février dernier, pour une tournée dans le département, à la rencontre des habitants et chefs d’entreprises. Le vice-président d’Ardenne Métropole, Patrick Fostier, est quant à lui, le référent Ardennes de celle qui se définit comme la candidate du « pouvoir d’achat ». Il avait d’ailleurs détaillé dans nos colonnes, ses principales mesures.
Du côté des villes autour de Charleville-Mézières, le maire de Nouzonville, Florian Lecoultre qui a dirigé la fédération socialiste des Ardennes puis démissionné du parti en 2018, a affiché son soutien à Jean-Luc Mélenchon, tout d’abord en lui accordant son parrainage, puis en déclarant qu’il était « le seul à apporter des solutions à la hauteur et à être en capacité d’être présent au second tour pour les porter ». Question parrainages, beaucoup de maires de petites communes ont apporté leur soutien à Jean Lassalle comme le maire de Chooz, Jean-Marie Berreda ou celui de Givet, Robert Itucci. Le maire de Rethel, Joseph Afribo a lui, apporté son parrainage à Nicolas Dupont-Aignan.
L’Aube en rangs serrés derrière Pécresse
« L’enthousiasme de nos militants est intact et nous y croyons toujours, quoi qu’en disent les sondages », assure Valérie Bazin-Malgras, députée LR et présidente du comité aubois de soutien à Valérie Pécresse. Un comité de soutien comprenant également des élus UDI tels que Marc Sebeyran, vice-président du conseil régional Grand Est. « Il y a un véritable élan pour accompagner la candidature de Valérie Pécresse dans l’Aube », poursuit-elle. François Baroin est en première ligne et a d’ailleurs reçu la candidate LR en meeting à Troyes. Pour le président sortant, faire campagne a été plus compliqué, notamment à cause de son entrée tardive dans l’arène électorale.
Difficile d’organiser des meetings dans ces conditions, les militants aubois d’En Marche se concentrant sur des actions de terrain, derrière le député aubois Grégory Besson-Moreau et la référente départementale, Katia Routa.
Il est vrai aussi que le parti peine à prendre racine localement : moins de 5 % aux municipales et pas de candidats aux cantonales. Paradoxalement, Emmanuel Macron aura été le président qui aura envoyé le plus grand nombre de ministres en visite dans l’Aube au cours de son quinquennat.
Au total 34 visites pour 30 membres du gouvernement, certains étant venus à plusieurs reprises, sans oublier Emmanuel Macron lui-même, il y a moins d’un an à Pont-Sainte-Marie.
L’objectif des législatives
Malgré cela, le candidat et président sortant ne perce pas dans l’Aube. Valérie Pécresse arrive largement en tête avec 37 parrainages aubois alors qu’Emmanuel Macron n’en recueille que 9. Les Républicains de l’Aube ont clairement choisi leur camp. Le président sortant est devancé par Éric Zemmour (19), François Asselineau (15), Marine Le Pen (14), Nicolas Dupont-Aignan (11) ou encore Philippe Poutou (11). Le département penche sérieusement à droite depuis longtemps, et les candidats de gauche n’ont eu que des miettes : Jean-Luc Mélenchon (4) Anne Hidalgo (2), Yannick Jadot (2), Fabien Roussel (1).
Mais au-delà des présidentielles, c’est l’enjeu des législatives qui se profile déjà. Les Républicains ont fait connaître les candidats qu’ils soutiendront, Valérie Bazin-Malgras, députée sortante, Baptiste Gatouillat, agriculteur de 38 ans et Stéphanie Fraenkel, adjointe au maire de Troyes. La bataille des législatives s’annonce acharnée d’autant que l’irruption de Zemmour dans le jeu politique aiguise les appétits. Ancien député LR de l’Aube, Nicolas Dhuicq, apporte son soutien à Zemmour après être passé par Debout la France et pourrait être de la partie. Le chef du Rassemblement national à la Région, l’aubois Laurent Jacobelli, fait aussi partie des candidats potentiels.