Les Ardennes et la Marne donnent à Jean Rottner ses meilleurs scores du Grand Est
Région. Les écologistes sont de retour et La République En Marche fait son entrée dans l’Assemblée régionale. La majorité, Union Centre et Divers, dispose de 55% des 169 sièges. Le RN perd une dizaine de sièges comparativement au FN de 2015. Jean Rottner réalise ses meilleurs scores en Champagne-Ardenne. Voilà pour le Conseil Régional 2021-2028.
Que faut-il retenir des élections régionales dans le Grand Est ? Premier constat, la majorité menée par Jean Rottner obtient 40,3% des voix, c’est huit points de moins que celle de Philippe Richert en 2015, mais il est vrai dans une élection quadrangulaire pour Jean Rottner, contre une triangulaire précédemment.
Deuxième constat, le RN de 2021 fait beaucoup moins bien que le FN de 1995, en passant de 36 à 21%. Troisième constat, dans les 12% de la liste LREM, combien aurait pu revenir à Jean Rottner ? Et pour finir, l’alliance écologistes et socialistes réalise 21%, là ou les socialistes avaient obtenu six points de moins en 2015. Quoi qu’il en soit, la majorité a les coudées franches jusqu’en Mars 2028 pour mener à bien la politique initiée lors du mandat précédent.
Les meilleurs scores de la majorité sont en Champagne-Ardenne
D’un scrutin à l’autre, la majorité rassemble aujourd’hui 94 élus contre 98 en 2015 et l’opposition, qui se précisera ou pas au fil des dossiers, passe de 71 à 75 voix. Là encore, pas de bouleversement et pour l’instant trois groupes se trouvent face à la majorité : le RN avec 33 élus, l’union gauche et écologistes avec 27 élus et la REM avec 15 élus. Pour l’instant, parce que la mandature précédente a connu bien des changements dans la délimitation des groupes, comme les progressistes face aux socialistes ou les patriotes face au rassemblement national, voire encore plus.
La région Grand Est enregistre le taux de la plus grande abstention au second tour des régions (70,4%) dans une France qui s’est abstenue à 65,7%, avec des taux assez contrastés par département : de 64,3% en Haute-Marne à 72,9% en Moselle. Pour les trois autres départements champardennais l’abstention a été de 70,7% pour la Marne, 67,9% pour l’Aube et de 67,1% pour les Ardennes.
Avec 445 000 voix, la liste conduite par Jean Rottner obtient 11,6% des inscrits et 40,3% des suffrages exprimés. Ses meilleurs scores viennent des départements des Ardennes (51,1%), de la Marne (46,9%), des Vosges (45,2%), de l’Aube (44,5%) et de la Haute-Marne (43,6%). Les quatre départements du territoire champardennais dans les cinq meilleurs scores de la majorité. Comme si la confiance était venue de l’ouest du Grand Est. A contrario, la Meurthe-et-Moselle (34,4%) et le Haut-Rhin (35,4%) ont été plus réservés. Pour les meilleurs scores de la majorité, Boris Ravignon pour les Ardennes et Arnaud Robinet pour la Marne ont certainement pesé sur ces scores.
« Nous avons une responsabilité commune : celle d’avoir un débat politique et non pas simplement une confrontation. »
Au niveau de la Marne, pas de grands bouleversements, les élus de la majorité sont au nombre de dix, comme auparavant. Tous bords confondus, la Marne passe de 18 à 16 élus au Conseil régional. Dire que les élus marnais ne pèsent plus que 9,5% de l’Assemblée du Grand Est au lieu de 10,6% des 169 conseillers régionaux n’a pas grande importance. Sa représentation est à la hauteur du poids de sa population. L’important est un peu plus loin, les élus marnais de la majorité sont toujours au nombre de dix, là où ils avaient souhaité faire un peu plus le poids. Ils vont siéger aux côtés de trois élus du RN, deux élus de la gauche et des écologistes et une élue de LREM.
Dix nouveaux conseillers régionaux dans la Marne
Au rang des 16 élus de la Marne, six élus siégeaient déjà au Conseil régional : Franck Leroy, Maire d’Epernay, Martine Lizola, Adjointe au Maire de Châlons-en-Champagne, Véronique Marchet, Adjointe au Maire de Reims, Cédric Chevalier, Maire de Saint-Léonard, et Thibaut Duchêne, conseiller municipal à Vitry-le-François, pour la majorité et Pascal Erre pour le RN.
Les dix nouveaux conseillers régionaux de la Marne sont Arnaud Robinet, Maire de Reims, Béatrice Moreau, agricultrice et Présidente sortante de la Chambre départemental d’Agriculture, Florence Marcoult, viticultrice, Myriam Ricarde, Maire d’Epense, Jacky Desbrosse, Président de la Fédération des chasseurs de la Marne, pour la majorité, Éric Quénard, Conseiller municipal de Reims, et Ludivine Pérard, médiatrice de création numérique, pour l’union de la gauche et des écologistes, Baptiste Philippo, Conseiller municipal de Suippes et Anne-Sophie Frigout, professeur de collège, pour le RN et Aina Kuric, Députée de la Marne, pour LREM.
Les mains dans le cambouis de Jean Rottner
À peine élu, Jean Rottner a évoqué « une équipe pressée de mettre les mains dans le cambouis », autrement dit une majorité qui va s’occuper des graisses ou huiles ayant servi à lubrifier le moteur. Le médecin urgentiste deviendrait-il chef mécanicien ? S’il s’est montré assez modeste au lendemain de sa victoire, le Président sortant n’a pas évité en campagne les coups de griffes, en direction du tourisme politique du RN ou de l’attitude de la presse à propos des questions sur l’Alsace ou de la présidentialisation des élections régionale : « Nous avons une responsabilité commune : celle d’avoir un débat politique et non pas simplement une confrontation ou un échauffement pour une élection présidentielle ».
À propos des records de l’abstention : « Je crois que c’est une crise démocratique que nous sommes en train de vivre » et pour l’immédiat : « Au boulot ! », le slogan est sans ambigüité. Quant au souhait prioritaire : « Que nous arrivions enfin à décentraliser dans ce pays, que l’Etat nous fasse confiance, que nous puissions prendre des décisions en proximité et en phase avec nos concitoyens ».
Du retour des écologistes à l’arrivée de LREM
Battus dès le premier tour en 2015, les élus écologistes d’EELV sont de retour et cette fois-ci associés aux socialistes et aux communistes. Face à la majorité (UCD) de Jean Rottner, au RN de Laurent Jacobelli et aux colistiers de Brigitte Klinkert (DVC), la liste d’Eliane Romani (UGE) va se faire entendre dans les futurs débats à quatre voix de l’hémicycle du Grand Est, une Région largement en phase avec les exigences contemporaines des transitons écologistes et énergétiques.
Pour évoquer l’image du cambouis, les soucis mécaniques pourraient bien venir de la teinte alsacienne d’une Brigitte Klinkert qui a fait campagne pour la sortie de la Collectivité Européenne d’Alsace du Grand Est. Avec plus ou moins de virulence que ses sept prédécesseurs du groupe Alsace et Territoires ? Y aura-t-il plus d’Alsace que de LREM dans les positions des DVC qui compte 11 élus alsaciens sur les 15 sièges de la formation ? Une question intéressante quand on remarque que Frédéric Bierry, Président de la Collectivité Européenne d’Alsace, insiste sur l’organisation d’une consultation locale sur le thème de la sortie des Alsaciens du Grand Est.
Et enfin, comment ne pas remarquer que Brigitte Klinkert (12,2%) a largement contribué à abimer le score de Philippe Rottner (40,3%) ? La soirée électorale du 27 Juin n’a-t-elle pas focalisé ses commentaires sur Xavier Bertrand (52,9%), Laurent Wauquiez (56,4%) et Valérie Pécresse (47%), ces trois élus régionaux postulants à un destin national.