« Il fallait que je fasse de la pub, je n’avais aucun autre métier en tête ». Véronique Colfort-Oliver se souvient de ce qu’elle qualifie de coup de foudre en évoquant la campagne publicitaire des collants Dim, n’hésitant pas à entonner le célèbre « pa la pa pa pa pa pa », petite mélodie en six notes indissociable de la marque. À 17 ans, son engouement pour la publicité, datant du collège, devient rapidement une passion cultivée autour de Jacques Séguéla, « le publicitaire de l’époque ». Venant de Lorraine, Véronique Colfort-Oliver arrive à Troyes à l’âge de sept ans : « Après le Bac, j’ai préparé une licence de communication à Nancy. Puis j’ai travaillé dans une agence de publicité à Paris ».
En 1985, elle découvre la capitale, « vue d’une publicitaire », dans l’effervescence des débuts des grandes soirées événementielles. Après trois ans dans une première agence grand public, elle envoie une douzaine de CV : « J’ai reçu douze réponses ! À cette époque-là, on ne pouvait pas être au chômage, le boulot venait à nous ». L’année 1989, année de la naissance de sa fille, Maryon, marquera un tournant dans son parcours. « Cela a été comme une révélation pour me faire prendre de grandes décisions. J’ai tout quitté, mon job, mon chéri, Paris, pour rejoindre Troyes - une ville dont je savais qu’elle évoluait beaucoup -, avec l’idée de créer ma propre agence de pub ».
Épanouie chez Electrolux
Mais la conjoncture économique des années 90 ne sera pas propice à l’émergence de son projet. « Après mon étude de marché et avec quelques bons conseils, j’ai décidé de le reporter », ajoute-t-elle. « En 1991, j’ai été embauchée par Cyril Grandpierre, le patron de Dubix, appartenant au groupe Electrolux. J’avais 27 ans. J’y ai passé 26 ans de ma vie et j’ai tout donné, ma vie personnelle, ma vie sociale et même ma vie politique, pour me consacrer entièrement au groupe. Cela représente 26 ans formidables de marketing, d’innovation, de communication, de voyages, de responsabilités », confie-t-elle.
Le directeur général du fabricant d’équipements pour blanchisseries professionnelles et industrielles avait d’ailleurs visé juste en lui demandant de se comporter comme si elle était une agence de com, son seul client étant Dubix : « C’est exactement ce qu’il me fallait, il l’avait compris. Je ne me suis jamais sentie ni salariée, ni missionnée. J’avais le sentiment de travailler pour mon compte, avec en tête et dans le coeur la satisfaction de mon client unique ». Puis Dubix et Cyril Grandpierre sont remplacés par d’autres patrons, d’autres filiales… Juillet 2018, date de sa rupture avec Electrolux, « qui reste la marque, l’entreprise de [sa] vie », sera vécue comme un « drame » par Véronique.
Se réinventer
« Cette rupture tragique a aussi été l’occasion de me réinventer et de créer mon entreprise », rebondit-elle. Alors qu’elle était à la recherche d’un emploi à Troyes, elle réalise que « c’est mission impossible quand on est classée senior et surqualifiée à 54 ans ». Elle s’oriente donc en même temps vers la recherche d’un projet. Se présente en 2019 l’opportunité d’acquérir des petites maisons de vacances construites au bord du lac de Mesnil-Saint-Père, qu’elle et son mari avaient remarquées il y a quelques années. « Nous en sommes tombés amoureux en passant devant. Nous rendions régulièrement visite à mes parents, ma mère a été maire du village pendant 25 ans et mon père avait son bateau au port », se souvient-elle.
« Notre projet est de créer une destination de repos, de calme, de nature et d’harmonie »
Alors que le couple est en train de réhabiliter ces petites maisons de vacances, construites dans les années 70, ils constatent combien elles ont été fabriquées dans « un esprit très pionnier, - avec des matériaux de recyclage, que ce soient les briques, les tomettes ou les tuiles - contrastant avec l’esprit des années 70 en Europe, marquées par la consommation de masse, et en tourisme le début des resorts et de la sururbanisation de la Costa Brava par exemple ».
« Elles ont été construites par un Hollandais, un gentleman qui savait tout faire et qui pensait déjà à donner une seconde vie à des matériaux. On a été très sensibles à cet esprit et aux bonnes ondes du lieu. J’étais à la recherche de quelque chose qui me fasse du bien, qui me cicatrise », confie Véronique. Sur les quatre maisons louées, deux sont totalement réhabilitées, offrant deux suites chacune, et deux autres ont été rafraîchies l’an dernier. Suite aux confinements, quinze mois de retard sont à déplorer sur leur planning de restauration.
Mettre en avant le Lac d’Orient
« Notre projet est de créer une destination de repos, de calme, de nature et d’harmonie. À l’horizon 2024, nous proposerons six maisons entièrement réhabilitées, en location saisonnière, toute l’année. Chaque saison est une occasion de découvrir le lac d’une manière différente : la plage et les activités nautiques l’été ; le tourisme ornithologique l’automne ; l’oenotourisme, la pêche, les promenades en forêt, la vélo-voie toute l’année », explique la maîtresse des lieux. Également prévue, la construction d’une pièce de vie avec une grande baie vitrée côté lac, afin d’organiser des sessions de ré-énergie, danse thérapie, pilates.
« On croit très fortement dans ce nouveau tourisme raisonnable, loin du tourisme de masse »
« Le cadre extérieur du lac se prête particulièrement à l’organisation de stages dédiés au rééquilibrage intérieur, et si notre cible est l’accueil d’amis ou de couples souhaitant se retrouver, respirer, prendre le temps, nous projetons également d’organiser des formations et des conférences au sujet de nos richesses locales comme la nature ou le champagne, avec hébergement aux Cottages bien entendu », ajoute Véronique. « Le Rallye des Entrepreneurs avec leurs Territoires », organisé en juillet dernier à Mesnil-Saint-Père par Demain Dès l’Aube, dont Véronique fait partie du comité stratégique, a été l’occasion de faire découvrir les Cottages d’Orient aux entrepreneurs et aux élus de l’Aube et de la Haute-Marne.
« Nous avons ainsi été sollicités par des entreprises qui nous ont demandé si nous comptions accueillir des séminaires. Ce sera le cas à terme car l’environnement est inspirant et les cottages à partager sont un bon prétexte à une session de construction d’équipe », annonce-t-elle. En attendant, ce sont majoritairement des couples entre 40 et 60 ans principalement d’Europe du Nord qui profitent du cadre : « On croit très fortement dans ce nouveau tourisme raisonnable, loin du tourisme de masse. On revient à des considérations plus humaines où le bien-être et le bon-vivre sont prioritaires ».