« L’esprit entrepreneurial, je le tiens de mon papa qui a commencé sa carrière comme diéséliste et l’a terminée comme chef d’entreprise dans le mobilier de bureau », précise d’emblée cette ardennaise attachée à sa région et à son industrie. L’année de faculté passé à Reims en première année de Deug Langues Etrangères appliquées a conforté Valérie Giacobbé dans l’idée que le professorat n’était visiblement pas fait pour elle. « En revanche, j’ai voulu poursuivre mon appétence pour les langues en me dirigeant vers un BTS Commerce International, obtenu au lycée Pierre-Bayle à Sedan. Cela m’a permis d’allier la pratique des langues étrangères et les relations humaines tout en devenant trilingue français-anglais-allemand et en touchant aussi à l’espagnol et au néerlandais. »
Un parcours très enrichissant
Bricoleuse à ses moments perdus, Valérie Giacobbé a vite aimé créer et transformer la matière. « C’est donc tout naturellement que j’ai postulé dans l’industrie. J’ai ainsi intégré les équipes de différentes sociétés ardennaises dans lesquelles j’ai pu accroître mes connaissances techniques et linguistiques. » Notamment chez Electrolux, à Revin, au service expéditions puis marketing, à la Société Ardennaise d’Essieux à Ham-Les-Moines où elle pratiquera quotidiennement l’anglais et l’allemand au service commercial grâce à la typologie internationale de la clientèle ainsi qu’à Rotoplus, sur la zone industrielle de Tournes / Cliron, où elle est restée onze ans comme assistante de direction trilingue. Mais après 25 ans d’expérience dans l’administration des ventes, le commercial et l’assistanat de direction, elle n’y trouvait plus d’épanouissement.
Elle décide alors de changer de voie et reprend des études en ressources humaines à l’IFOCOP de Villeneuve d’Ascq. Etudes en alternance effectuées en partenariat avec les Ateliers des Janves. « La mission qui m’y a été confiée m’a permis de travailler sur la pénibilité et d’être en contact avec les opérateurs. Cette expérience a confirmé mon intérêt pour les métiers industriels, les conditions de travail et l’amélioration de celles-ci. » Diplôme en poche, elle intègre ensuite un poste d’assistante de Direction avec missions en ressources humaines chez FTS à Sedan.
2015 sera, malheureusement, une année noire pour elle avec les décès successifs de son mari et de sa maman. « J’ai eu besoin de changement et de me lancer un nouveau défi professionnel, étape nécessaire pour continuer d’avancer ». En 2016, Valérie Giacobbé intègre alors ITC La Doncheroise, à la fois comme assistante commerciale trilingue, assistante de direction et assistante RH.
Gérante d’entreprise
Nouveau coup dur en octobre 2019, le patron de la PME dépose le bilan. « Cela nous est tombé dessus sans qu’on n’ait rien vu venir. Une sacrée douche froide. Il a fallu réagir très vite pour sauver notre outil de travail, notre savoir-faire et nos emplois, car 11 personnes se retrouvaient sur le carreau. Rapidement, nous avons envisagé de créer une Société coopérative et participative de production pour reprendre l’entreprise. Notre projet devait être ficelé et présenté au liquidateur pour le 15 décembre suivant. Ce qui nous laissait très peu de temps… » se remémore Valérie Giacobbé, alors assistante de direction chargée de l’administration des ventes.
« Pour construire une nouvelle image de l’entreprise, nous avons accordé plus d’attention à l’ensemble de nos clients, nous nous sommes focalisés sur la qualité des procédés tout en donnant plus d’importance à la formation. »
Avec Marie-Madeleine Maucourt de l’Union Régionale des Scops, l’Ardennaise travaille d’arrache-pied pour trouver des financements, établir le business plan et remettre au liquidateur un dossier de reprise en Scop. « Mon rêve entrepreneurial a pris forme à ce moment-là. L’équipe s’est formée avec cinq anciens salariés et l’aventure a démarré en débouchant sur une belle histoire. » Grâce à une partie des indemnités et à l’octroi d’aides financières de Pôle emploi, de France Active (50 000 euros) et de l’union régionale des Scops, L’Alu Doncherois, avec un capital de 1 000 euros réévalué ensuite à 99 000 euros, démarre une nouvelle aventure en 2020. Avec un fonds de roulement suffisant pour acheter des matières premières.
Ce statut de gérante d’entreprise lui permet alors de faire partie de la dynamique équipe de la CCI présidée par Aubin Jeanteur. « Que l’on ait pensé à moi, je l’ai vécu comme une reconnaissance et surtout comme un nouveau challenge. C’est avoir la possibilité d’échanger avec l’ensemble des secteurs d’activités ardennais sur les problématiques et crises que nous traversons tous, mais surtout celle d’enrichir nos visions et proposer des solutions. »
Une réussite collective
LAD aborde alors une nouvelle façon de gérer l’entreprise. En étant à l’écoute de toutes les idées et pistes d’amélioration émises par chacun. « Outre le changement de couleurs et de logo, nous avons voulu symboliser ce nouveau départ à travers plusieurs actions. Pour construire une nouvelle image de l’entreprise, nous avons accordé plus d’attention à l’ensemble de nos clients, nous nous sommes focalisés sur la qualité des procédés tout en donnant plus d’importance à la formation afin de pouvoir grandir, permettre à chacun de se responsabiliser à son poste et mieux manager son équipe. »
Au terme d’un gros challenge, la fonderie d’aluminium doncheroise emploie désormais neuf salariés, réalise avec quatre clients supplémentaires 1,2 million d’euros de chiffre d’affaires (contre 800 000 au départ) et produit une vingtaine de tonnes d’aluminium, tous alliages confondus. La PME a connu sa plus belle consécration l’an passé en obtenant la certification ISO 9001. « À l’avenir, notre volonté est de développer notre taux d’exportation (3,5% à ce jour avec l’Allemagne, les Pays-Bas, et la Suisse) en gagnant des places à l’international et d’améliorer la visibilité de l’entreprise avec une présence accrue sur les réseaux sociaux », se fixe Valérie Giacobbé, ravie de « la réussite collective de ce beau et difficile projet ».
En retraite dans cinq ans, Valérie Giacobbé entend encore s’épanouir à L’Alu Doncherois, en transmettant ses connaissances. « Je me réjouirai d’avoir touché au but quand je passerai le flambeau. D’ailleurs, Je travaille déjà à trouver un profil ayant la fibre commerciale et technique et étant au minimum trilingue (anglais-français-allemand) pour me remplacer ». La page sera alors définitivement bouclée. La Montcéenne pourra alors reprendre l’étude de l’espagnol et du néeralandais et... voyager.