Les derniers coups de pinceaux sont en train d’être passés et il ne manque plus que quelques tables et chaises… Aline Chaffangeon, nouvelle Directrice du Campus Eductive Reims, s’affaire à finaliser les derniers détails avant l’ouverture des nouvelles salles de classe du second site du Campus, situé dans le quartier de la Sernam. 3 500 m² de plus dans un bâtiment flambant neuf pour accueillir 50% d’étudiants supplémentaires par rapport à 2023, soit un total de 1 500 jeunes pour les 12 écoles que compte la structure rémoise (95% d’alternants). Cette effervescence ne fait pas peur à la nouvelle directrice – elle est arrivée à la tête du Campus en septembre 2023 – bien au contraire !
Cette native de Châlon-sur-Saône (Bourgogne), qui a tout d’abord effectué des études de lettres modernes à l’université Lyon 3, a toujours eu le goût du challenge. Car sa maîtrise en poche, celle qui se destinait au professorat, craint de mener une vie rangée trop tôt et décide de monter à Paris pour y faire un stage au sein de la maison de disques Naïve, comme Assistante chef de projet. Là, elle participe à la conception mais aussi la promotion d’albums ainsi que la recherche de partenariats. L’expérience lui plaît tant qu’elle poursuit son cursus universitaire par un DESS Management des Médias à Montpellier.
Après un bref passage comme assistante de projet sur TV Only, le groupe Lagardère la recontacte pour lui proposer un poste de chargée de promotion musique et partenariats. « Je travaillais pour de nombreuses chaînes du groupe (VIRGIN 17 (TNT), MCM, JUNE, MCM POP, MCM TOP, MEZZO Classique et MEZZO Jazz) et mon rôle était notamment de faire en sorte que ces chaînes soient associées aux meilleurs événements musicaux et sorties d’albums. Cela nécessitait d’être en contact permanents avec les responsables de festivals, les tourneurs mais également les artistes et leurs équipes. »
L’univers des médias... et ses anecdotes
Aline Chaffangeon apprend aussi l’art de la négociation, puisqu’une partie de son activité consiste à négocier avec les artistes la diffusion de quelques chansons de leurs concerts, en direct à la télé, ce qui n’inclut pas les droits de diffusion. Cette acceptation est donc au bon vouloir de l’artiste.
« J’ai eu la chance de rencontrer et de côtoyer de grandes personnalités du monde de la musique et cela a aussi donné lieu à quelques anecdotes ! » confie-t-elle. Comme cette fois où elle va négocier avec le chanteur Marilyn Manson, mais où, dans sa loge, elle ne le reconnaît pas car il est démaquillé, sans artifice et habillé de façon tout à fait banale… Ou encore lorsqu’un grand chanteur de rap arrive en catastrophe à un concert, se gare en bas de la scène, se change entre les câbles de régie et monte donner son spectacle deux minutes plus tard « avec une énergie folle comme si de rien n’était ». « J’ai participé à des projets un peu fous mais tellement enthousiasmants… » Car dans les années 2000, la concurrence entre les chaînes de télévision spécialisées fait rage. Il faut donc redoubler d’inventivité pour « fidéliser les auditeurs et en gagner de nouveaux ». Délocalisation d’antenne dans des lieux atypiques, concerts improvisés, événements décalés, la jeune femme doit se montrer « agile en toute circonstances ».
« Nous avons loué de grandes salles de concert pour faire les émissions. Par exemple, pour Virgin Radio, nous avons fait jouer Beth Ditto, la chanteuse du groupe Gossip à l’Aquarium de Paris et organisé un jeu-concours où les fans venaient poster leur photo la plus déjantée sur les réseaux sociaux pour être sélectionnés et assister au concert… » Si Aline Chaffangeon pilote les projets depuis Paris, elle gère aussi les équipes et la promotion en local… « Lorsque la chanteuse du groupe Texas, Sharleen Spiteri est venue à Lyon, nous avons initié un concert intime et en petit comité sur une péniche… »
« J’ai participé à des projets un peu fous mais tellement enthousiasmants… »
Avec une vie à 100 à l’heure, très parisienne – « j’ai toujours voulu habiter Paris intra-muros pour profiter au maximum de ce que la ville a à offrir. Je n’y ai jamais eu de voiture et je faisais tous mes trajets en transport en commun » – Aline Chaffangeon ressent le besoin de prendre un peu le large et de se lancer de nouveaux challenges. Direction le sud de la France, à Aix-en-Provence et Marseille, pour un nouveau défi, celui de diriger la communication de « Les Théâtres », regroupement de quatre établissements : le Grand Théâtre, et le théâtre du Jeu de Paume à Aix-en-Provence ; le théâtre du Gymnase et des Bernardines à Marseille.
« J’avais la responsabilité de la communication de la proposition artistique de plus de 100 spectacles par an aussi bien en musique classique, en danse, cirque, jazz, qu’en spectacles pour enfants ou en humour. L’objectif principal était d’ouvrir ces disciplines aux jeunes, trop peu d’entre eux fréquentant les théâtres. Pour cela, il a fallu entièrement revoir la stratégie marketing, digitale et de communication. » Deux années s’écoulent avant qu’Aline et son conjoint ressentent le besoin de découvrir de nouveaux et lointains horizons. « On décide fin 2019 de mettre tous nos biens dans un garde-meubles et de partir faire un tour du monde d’une année… »
Mais ce qui devait être l’aventure d’une vie tourne court. Février 2020, alerte mondiale du covid, confinement en mars. Alors que le couple se rêvait en Asie, c’est dans les Ardennes, chez les parents de son conjoint qu’Aline Chaffangeon se voit contrainte à un nouveau départ. « Je repartais d’une page blanche et j’ai réfléchi à la nouvelle orientation que je souhaitais donner à ma vie. »
Retour au monde de l’enseignement
Finalement, la vie provinciale ne lui déplait pas, Reims se trouvant à 45 minutes de Paris, c’est commode pour se projeter dans un nouvel avenir professionnel. Et c’est vers ses premières amours, l’enseignement, qu’elle se dirige finalement.
« J’ai commencé par donner des cours de communication notamment de communication de la musique chez MediaSchool puis je suis devenue Directrice pédagogique chez Eductive. » Parallèlement, dans l’idée de prendre la tête un jour d’une société ou d’une structure, elle intègre un Master Exécutif en Management global, stratégie, finances et RH, à Paris Dauphine. « J’avais besoin de connaissances plus approfondies et c’est clairement ce qui m’a servie pour prendre ce poste de Directrice », indique-t-elle.
« Aujourd’hui, je dois m’assurer que les formations sont de qualité et correspondent aux critères RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles). Je vérifie aussi que les diplômes évoluent avec les métiers, dans nos 12 écoles. Élément très important à nos yeux, à la fin de leur cursus, 97% des étudiants trouvent un emploi dans les six mois. » Chaque année, l’école accueille un nouveau parrain. Arnaud Robinet l’année dernière, Valéry Gissat, Directeur général chez REIMS EVENTS cette année. « Son parcours est une source d’inspiration pour nos étudiants et par sa transversalité, beaucoup d’entre eux vont pouvoir apprendre de son expérience. »
L’année 2024-2025 s’annonce chargée pour la Directrice du campus, puisqu’il va falloir mettre en route cinq nouvelles écoles : l’ISFJ, école de journalisme ; l’EIML Paris, Bachelor retail et marketing dans le luxe ; MODART International, bachelor Stylisme et modélisme l’ISA, BTS Métiers de l’audiovisuel ainsi que l’EFET Photographie mais également anticiper l’arrivée d’une cinquième l’ENGDE, école de gestion et d’expertise comptable en alternance. « Nous avons mis en place de nouvelles infrastructures comme des plateaux TV et radio, des salles informatiques, du matériel photo et vidéo à disposition ainsi qu’un atelier de couture. » De toutes ses expériences, Aline Chaffangeon conserve son dynamisme et son agilité, « indispensables pour diriger un campus avec 12 écoles, s’adapter à l’évolution des diplômes mais aussi des étudiants et de leurs attentes ».